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PRONONCIATION DE EN 137
du suffixe latin -anus, était précédée des voyelles i
(et y) ou e : paï-en, moy-en, chréti-en (autrefois de
trois syllabes), patrici-en, etc., europé-en, chaldé-en,
etc.
Ce ne fut pas sans résistance. Beaucoup de mots,
au moins les noms propres, ont hésité longtemps
entre an et in. Voltaire, qui faisait parfois des
efforts pour rapprocher l'orthographe de la prononciation,
et qui écrivait fort judicieusement fesons et
bienfesant, écrivait aussi européen. Aujourd'hui il
n'y a plus d'hésitation : tous les mots en-éen et-/en
ou -yen se prononcent é-in et i-in ou plutôt yin, quoique
les poêles s'obstinent à séparer Yi la plupart
du temps : tragédien, bohémien, aérien, parisien,
etc., etc. (1).
Si nous passons aux autres mots terminés en
-en, nous constatons que le son an ne se retrouve
plus que dans la préposition en (2). Il est vrai que
dans la plupart des autres (ils ne sont d'ailleurs
pas nombreux), la finale n est plus nasale : ainsi
abdomen ou gluten. Ces mots ont subi l'analogie
des mots latins ou étrangers, et surtout des noms
propres qui sont fort nombreux ; nous les retrouverons
quand nous parlerons de Yn final. Seul,
examen s'est complètement détaché du groupe : sa
finale, qui n'avait d'ailleurs jamais perdu eomplè-
1. De même tous les noms propres anciens, Âché-ens, Phocé-ens,
etc., Claudien, Julien, Justinien, Valérien, Lucien,
Vespasien, etc., avec Êduens; et aussi les noms modernes, Gien,
Taljien, le Titien, avec Engh(i)en, quoique ce mot perde son i
(anghin).
2. Dont le son se reconnaît et se conserve dans chienlit,
malgré la diphtongue : ce mot est en effet sans rapport avec
chiendent, composé de chien. A la préposition en il faut ajouter
trois ou quatre noms de villes : Caen (et Decaen), Ecouen,
Rouen, et Saint-Ouen, que les Parisiens prononçant volontiers
saintoutn, on ne sait pourquoi.