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138 LES VOYELLES NASALES
tement le son in, Ta repris définitivement depuis un
siècle (1).
De plus, les poètes ont fait longtemps et font souvent
encore rimer hymen avec main; mais comme le
mot n'est plus d'usage courant et prend une apparence
un peu scientifique, il est fort rare qu'on nasalise
sa finale en prose (2).
IL EN tonique suivi d'une consonne. — La finale
-ent ou -end, à consonne muette, a partout le son
an : prudent, agent, ment, suspend, attend, etc., etc.,*
et même les mots en -ient, même ingrédient, qu'on
écorche parfois (3).
Il faut excepter toutefois tient et vient et leurs
composés, qui ne peuvent pas se prononcer autrement
que les formes voisines de tenir et venir (4).
1. En 1878, l'Académie prétendait encore que la prononciation
examène n'avait pas tout à fait disparu : elle ne peut être que
méridionale.
2. On trouve aussi éden rimant avec jardin, rime particulièrement
fréquente dans Delille; mais dans les Juifves, Robert Garnier
faisait rimer éden avec Adam. Emile Goudeau, dans sa fameuse
Revanche des Bêtes, a fait rimer abdomen avec carmin :
je n'en connais pas d'autre exemple. Quant à spécimen prononcé
par m, qui est admis par Michaëlis et Passy, je ne crois pas
qu'on le renconlre bien souvent. Le son nasal in s'est maintenu
dans quelques noms propres, Agen, Ruben, Siruen, et aussi Boèn
(boin) et Ca/ien, et surtout dans les noms bretons : Chatelauc/ren,
Dupuytren, Elven, Guichen, Kerguélen, Lesneven, Pleyôen,
Pont-Aven, Rosporden, Su/fren, etc. Il est vrai qu'on prononce
fréquemment sufrène ou kerguélene^ mais c'est une
erreur, et les marins, qu'on doit apparemment suivre sur ce
point, ignorent complètement cette prononciation.
3. On notera par suite la différence de prononciation entré
comédien (yin) et ingrédient (yan), draconien (yin) et inconvénient
(yan), historien (yin) et Orient (yan), etc. C'est aussi
an qu'on entend dans Hersent, Sargent ou Bénévent.
4. Il va sans dire qu'il n'est pas question non plus des Anales
des troisièmes personnes du pluriel, qui, après s'être longtemps
prononcées ont ou ant, ont fini par devenir aussi muettes que