l'auteur - OUDL Home

70 LA VOYELLB E
à faire (1) : orfèvre et lèvre paraissent avoir l'e plus
constamment ouvert que les autres ; chèvre Ta beaucoup
moins, et aussi sèvre, qui a Te plutôt moyen,
comme lève et crève; plèvre est douteux, et aussi les
mots en -ibvre : fièvre, lièvre, mièvre et genièvre, du
moins en prose, car en vers on tend à les ouvrir (2).
Remarque. — Cette observation à propos des vers,
déjà faite plusieurs fois, ne veut pas dire du tout
qu'il faille en principe prononcer les mots autrement
en vers qu'en prose. Et je veux bien qu'il y ait tout
de même une prononciation oratoire ou poétique, qui
ouvre les e un peu plus que ne fait l'usage courant.
Mais c'est de la rime surtout qu'il faut tenir compte,
car les poètes font volontiers rimer des mots dont
la quantité n'est pas la même. Or il importe beaucoup
de distinguer les cas.
Race et grâce, malgré la consonne d'appui, font une
rime médiocre et que rien ne peut pallier, car les
voyelles diffèrent à la fois de timbre et de quantité,
et on ne peut ni allonger et fermer race, ni abréger
et ouvrir grace; de même trône et couronne, rime
si fréquente chez Victor Hugo. Fleurette et arrête
diffèrent déjà un peu moins; mais il est encore
impossible d'identifier les sons, de même que ceux
de mettre et maître, et la rime reste médiocre.
Au contraire, les finales qui ont un accent grave
sur l'e ont la faculté de s'duyrir davantage pour se
rapprocher de celles qui ont l'accent circonflexe. Or
il n'y a pas assez dejnots en -éche, -é/e, -éme, -ene
ou -être, pour que les poètes ne soient pas amenés à
1. Quoique le Dictionnaire général n'en fasse point.
2. De même les noms propret Bievre, Nièvre et Penthihvre,
Les autres noms propres, Lefèvre (ou Lefebvre), Genèvre,ei
surtout Stores, ouvrent leur e plus régulièrement.