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VII. — L'E MUET (1)
1° Considérations préliminaires sur TE non
muet et l'élision.
L'e muet est ainsi nommé parce qu'on le prononce
le moins possible, et le plus souvent pas du tout;
mais il s'en faut bien qu'il soit toujours muet : s'il
Tétait toujours, il n'y aurait rien à en dire, et il
s'agit précisément de savoir quand il est réellement
muet, et quand il ne l'est pas.
Éliminons d'abord ce qui n'est pas dans le sujet
proprement dit.
Il y a, d'une part, un cas où l'e dit muet est tellement
loin d'être muet, qu'il est même tonique; c'est
dans le pronom le précédé d'un impératif : dts-le (2).
L'e dit muet est alors ouvert et bref, moins ouvert,
mais aussi bref que eu dans œuf. Et de même toutes
les fois qu'il se prononce : il y a, par exemple, une
différence très sensible entre le rôt et leur eau, ou
1. Ce chapitre a paru à peu près textuellement dans la Revue
de philologie française, 1912, 2« trimestre ; on y a fait ici quelques
additions.
2. C'est une bizarrerie de la langue : pourquoi est-il tonique
dans dis-le, et muet dans dis-jet Tonique à l'origine dans l'un
et l'autre, il tendit à devenir muet dans les deux, comme partout
ailleurs; mais le résista. Au xvir 3 siôcle, la prononciation n'est
pas encore fixée, et Molière a le droit d'écrire par exemple :
Mais, mon petit Monsieur, prenez-l(e) un peu moins haut,
où l'e est muet. Mais cette prosodie, encore fréquente dans Voltaire,
était ridicule au xix e siècle chez V. Hugo, et chez beaucoup
d'autres, qui se crurent autorisés par son exemple. V. Hugo ett
même allé jusqu'à l'extrême en élidant cet p devant un point
dans Cromwell :
Chassons-l(e). Arrière, tous !