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58 LA VOYELLE E SUIVIE
que steppe ou cep : nous retrouverons ailleurs cette
différence entre la consonne simple et la consonne
double (1).
3° -et et -ète ou -ette ; net et nette, sept, diète et
miette, cacheté et cachette, complète et emplette, secrète
et regrette (2).
Naguère encore la finale -été était moins brève
que -ette : il est bien difficile de saisir aujourd'hui
une différence entre les mots qu'on vient de
lire (3). Vous êtes s'est lui-même fort abrégé, malgré
l'accent circonflexe, surtout devant un mot, parce
qu'il perd l'accent : vous êtes fou. En vers pourtant,
la finale -été reste souvent plus longue et plus ouverte,
au moins pour rimer avec -êfe, et cette ouverture
se maintient parfois dans la diction soutenue
pour certains mots, comme prophète et surtout
poète(4). Mais quand on dit dans le langage courant
1. Voir notamment les finales en -orne et -omme, en -one
et -onne. Ve est naturellement long dans guêpe et crêpe, qui
ont perdu leur s.
t. On voit que le passage de complet à complète, ou pauvret
à pauvrette, est encore le même que de délicat à délicite : voir
page 44. Autrefois ète était fermé (été) et ne rimait correctement
ni avec ette ni avec aite. L'Académie n'a adopté ète qu'en 1740;
encore a-t-elle excepté athlète, jusqu'en 1335. L'e est également
bref dans les noms propres : Huet, Japhet, Elisabeth, Macbeth,
Getes, Spolele, Polyclhte, Èpictete, Henriette, La Fayette, Colette,
Charette, etc. Cependant Crète a l'e plus long, probablement
par confusion avec crête.
3. Au contraire Ve est toujours long dans bête, fête, honnête,
tempête, quête, arête, arrête, crête, prête (adjectif et
verbe), tête et vêle, qui, comme êtes, ont perdu leur s. On notera
aussi une sensible différence de quantité entre acquêt et
conquête, arrêt et arrête, etc.
4. Que ne suis-je, prince ou poètes.
De ces mortels à haute tète,
D'an monde a la fois base et faite,
Que leur temps ne peut contenir 1
(Y. Hugo, Feuilles d'automne, VIII).