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L'M DOUBLE Î75
D'autre part, dans le groupe mn intérieur, Ym
avait cessé autrefois de se faire sentir, par assimilation
de l' m avec l'n (i). Cette prononciation, qui a
disparu dans la plupart des cas, s'est maintenue dans
da(m)ner et ses dérivés, ainsi que dans auto(m)ne,
parce que le groupe am ou om s'est d'abord nasalisé :
on entend parfois encore dan-ner. Mais on prononce
aujourd'hui l'm et l'n dans tndem-ne, indem-niser ou
indemnité (2), ainsi que dans autom-nal, mot savant,
aussi bien que dans calom-nie, amnistie, om-nibus
et tous les mots récents (3).
Le peuple laisse volontiers tomber l'm dans les
mots en -asme et -isme : cataplasme, catéchisme, rhumatisme;
c'est une paresse dont il faut se garder avec
soin (4).
2» L'M double.
L'm double, entre voyelles non caduques, subit
toujours la distinction des mots très usités et des
mots plus ou moins savants. Mais ici, plus qu'ailleurs,
il y a lieu de faire attention à la voyelle qui
précède.
On sait déjà qu'après e initial (même devant un e
muet), le premier m ne fait que nasaliser la voyelle :
c'est le préfixe en qui se maintient en assimilant son
n à l'm qui suit : em-mancher, em-ménager, em-
1. Hymne rimait avec -ine ou -inné, et Ronsard écrit volontiers
hynne ou hinne. II en était de même de di(g)ne ousi(g)ne :
voir plus loin, au chapitre de l'N.
2. Sur ce mot, voir page 75.
3. De même dans Agamem-non, Clytem-neêtre, Com-nène,
Vertum-ne.
4. Ch. Nyrop cite l'anecdote suivante : « On demandait à une
dame comment elle se portait. — Oh ! répondit-elle, je souffre
« beaucoup d'un rhumatisse. -— En ce cas-là, Madame, lui ré-
« pondit-on, faites beaucoup d'exercisme. »