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L'ÉLISION 153
vent. Ainsi, La Fontaine, dans un vers de Clymène,
souvent cité ; Qu'on me vienne aujourd'hui
Demander : « Aimez- vous ?» Je répondrai que oui (1).
On dit aussi plus volontiers le ouistiti que L'ouistiti,
quoiqu'on fasse fort bien la liaison dans un ouistiti
ou des ouistitis.
Pour ouate, l'usage est flottant. Il est vrai qu'on
dit plus ordinairement aujourd'hui de la ouate que
de Vouate, malgré une tendance fâcheuse à revenir
a l'ancienne prononciation : scrupule de purisme
fort déplacé, qui se manifeste, paraît-il, chez certains
médecins et chez les premières des grandes
maisons de couture. Mais dire la ouate n'empêche
pas du tout de faire l'élision de Ve muet : un(e)
ouate, plein d'ouate, sont généralement usités (2).
3° L'habitude d'isoler les noms de nombre, qui
commencent généralement par des consonnes, fait
qu'on traite souvent comme les autres ceux qui
commencent par des voyelles, un et onze, et aussi
huit, dont ïh, naturellement muet, ne s'est aspiré
(et encore pas toujours) que par suite de cette convention
spéciale (3). On dit donc le onze et le onzième,
et non pas l'onze et l'onzième, témoin la complainte
du Vengeur : Le onze, un gabier de vigie
S'écria : Voile sous le vent.
1. Après d'autres mots que le, dé, ce, que, l'élision se fait
couramment, surtout en vers. Pourtant Molière n'a pas hésité à
conserver l'hiatus apparent, môme entre deux interlocuteurs :
Quoi 1 de ma fille? — Oui; Clitandre en est charmé.
Moi, ma mère? — Oui, vous. Faites la sotte un peu.
Femmet savante, II, 3, et III, e.
Il a fait la même chose devant ouais (ibid., V, 2).
S. On respecte davantage la semi-voyelle des noms propres
qui commencent par aua-t comme U Quadaï, plus usité que
L'Ouadaï.
S. Nous reviendrons sur huit, au chapitre rie 17/*