l'auteur - OUDL Home

L'S DOUBLE 321
ciation de l'e muet lui-même, et le mal n'est guère
moindre (1).
Il va sans dire que dans tous ces mots, que l'e soit
fermé ou muet, on ne peut prononcer qu'un seul s,
puisque l's ajouté n'y est en quelque sorte qu'un
signe orthographique conventionnel, destiné à maintenir
le son dur ou sourd.
Mais on peut aller plus loin, et dire qu'en français,
d'une façon générale, entre deux voyelles, /'s simple
est un s doux et l's double un s dur.
Cette distinction très nette a peut-être contribué à
maintenir généralement la prononciation d'un s
simple quand il y en a deux. Toujours est-il que l's
double se prononce simple beaucoup plus souvent
que les liquides /, m, n, r, malgré la tendance générale
que nous avons signalée si souvent. Il est rare
qu'on prononce deux s dans les mots d'usage courant,
qui sont très nombreux, et peut-être même ne
l'a-t-on jamais fait dans les mots tels que a(s)seoir,
pa(s)sage, va(s)sal, ma(s)sacre, e(s)sai, e(s)suyer,
me(s)sie, me(s)sage , t'(s)su, bo(s)su, fau(s)scnre,
bou(s)sole, hu(s)sard, etc. L's reste simple notamment
dans tous les composés de des-, comme de(s)saler,
desserrerj dessouder, et dans tous les mots
en -seur, -sion, -soir ou -soire, quelle que soit la
voyelle précédente : emara(s)sewr, oppre(s)seur, régî(s)seur'ou
endosseur, pa(s)sion, pre(s)sion, cornmi(s)sion
ou percti(s)sion, pre(s)soir ou acce(s)soire.
Il y a pourtant des exceptions, cela va sans dire
aussi notamment pour les préfices as- et dis- (2).
On a vu que l's avait été doublé aussi, bien inutilement
après un i, dans dissyllabe et tri(s)syllabe. Peut-être faut-il
y joindre a(s)ses et quelques mots commençant par as-, si leur
préfixe est réellement a-, et non ad-, comme paraît l'indiquer l'orthographe
primitive, asez, asesoner, aservtr, etc.
2. Quoique Michaëlis et Passy n'en admettent poiat. II est
vrai qu'ils admettent bissectrice, qui est plu toi rare.