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56 LA VOYELLE E SUIVIE
Tu es a plutôt Ye moyen, un peu plus ouvert dans
folle que tu es que dans tu es folle;
La tendance à fermer le final est si marquée en
français que, même pour ces deux catégories, -et et
-es, dans beaucoup de provinces on ferme Te, comme
dans mes ou les. Cette prononciation, qui n'est pas
nouvelle, est peut-être destinée à triompher un jour
de nouveau; en attendant, elle est tout à fait vicieuse,
et c'est un des défauts dont il faut se garder
le plus.
En parlant de l'e fermé, ou plutôt de Te final,
même ouvert, nous n'avons rien dit de la quantité.
C'est qu'elle est la même partout : sans être tout h
fait bref, Te final n'est jamais long; comme l'a final,
il est moyen partout, dans succès, cabinet ou même
forêt, comme dans aimer, aimé ou aimez. La question
est donc sans intérêt (1).
Pourtant les finales féminines en -ée et -ées furent
jadis et peut-être même devraient être un peu plus
longues que les masculines. Elles ont fait comme les
finales en -oie, et nous retrouverons le même phénomène
dans les finales en -aie, -eue, -le, -ue, -oue.
Dans toutes ces finales, sauf tout au plus les finales
en -ie (et encore I), la distinction d'avec la finale masculine
a complètement disparu de l'usage courant :
elle ne se maintient plus que dans une prononciation
très soutenue, et surtout en vers, où le prolongement
du son a pour but de faire encore distinguer,
s'il est possible, les rimes masculines des rimes
féminines. Ce n'est plus qu'un artifice de diction (2).
1. Il n'y a véritablement d'e final fermé un peu long que dans
des mots étrangers comme heimweh, à cause de l'h, et parce
que le mot n'est pas français, sans quoi l'h tomberait, comme
il est tombé par exemple dans narguilé.
2. I'identilé de -é et-ée est déjà constatée par M me Dupuis.
Aux finales en ées appartient Séez. qu'on écrit plutôt Sées,