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DANS LES POLYSYLLAÈES 159
Nous avons vu au cours des chapitres précédents
que la présence même de Ye muet après une voyelle
finale ne change plus rien ni au timbre ni à la quantité
de la voyelle qui précède, au moins dans la conversation
courante. Il y a exception pour la rime,
mais ceci est voulu, et par suite artificiel (1) : on ne
parle ici que de la prononciation spontanée (2).
Ce n'est pas tout. Quand la consonne qui précède
Ye muet final est une liquide, / ou r, précédée ellemême
d'une explosive ou d'une fricative, la prononciation
populaire supprime souvent la liquide avec
Ye : du swc(re), du vinaig(re), datent de fort loin,
mais cette prononciation n'est plus admise dans la
bonne conversation. Pourtant mart(v)e a fini par
avoir droit de cité.
IL Devant un autre mot. — Considérons maintenant
Ye muet final dans un mot suivi d'un autre mot.
Si le second mot commence par une voyelle ou
un h muet, nous savons que Ye s'élide. Mais si le
second mot commence par une consonne (autre
que l'h aspiré), Ye muet n'en tombe pas moins :
el(1) m'a dit (3).
Le phénomène est le même si les consonnes qui
se rencontrent sont pareilles : el(l) 9 lit (4).
qu'il ne fait pas froid quand le thermomètre est à dix degrés
au-dessous de zéro. Mais leurs dénégations obstinées n'empêchent
pas les faits d'être les faits,
1. Voir surtout pages 56 et 117.
2. Pour Ve final des mots latins ou italiens, voir page 52. On
se rappelle que Pe final anglais atone ne s'entend pas non plus.
3. Le peuple conserve volontiers Pe final de cette an détriment
du premier : c(et)*e femme; mais cette prononciation,
autorisée autrefois, est aujourd'hui expressément évitée par les
gens qui veulent parler correctement.
4. En ce cas, on ne peut prononcer en réalité qu'une seule
consonne; mais on prolonge Pocclusion totale ou partielle de