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LES NASALES 3*7<br />

presque uniquement aux adjectifs placés devant le<br />

substantif, cas essentiel, comme on l'a vu, en matière<br />

de liaison. Or les adjectifs qui peuvent être à<br />

cette place sont en somme assez peu nombreux, surtout<br />

en prose.<br />

La plupart des adjectifs qui peuvent se lier sont<br />

en -a/n: certain, hautain, lointain, humain, prochain,<br />

soudain, souverain, rain et vilain, avec plein, ancien<br />

et moyen. Mais la liaison offre ici un phénomène<br />

très remarquable, car la nasale se décompose, et<br />

c'est le son du féminin qu'on entend : certai-nauteur,<br />

un vai-nespoir, un vilai-nenfant, en plei-nair, le<br />

moye-nâge, un ancie-nami, et même au prochai-navertissement;<br />

et en vers, ou dans le style oratoire, un<br />

certai-nespoir, un soudaî-nespoir, ou encore :<br />

Agrippine, Seigneur, se l'était bien promis :<br />

Elle a repris sur vous son souverai-nempire (1).<br />

On dit de même un mie-nami, un sie-nami, expressions<br />

d'ailleurs assez rares (2).<br />

On conçoit que l'existence du féminin a singulièrement<br />

facilité, ou peut-être, pour mieux dire, a seule<br />

permis cette décomposition. On se rappelle d'ailleurs<br />

que la voyelle orale qui correspond phonétiquement<br />

au son in n'est pas i, mais bien ê, ce qui facilite encore<br />

la décomposition : in devient è très naturellement<br />

(3).<br />

1. RACINE, Britannicus, acte IV, scène 4.,<br />

2. Ce phénomène de dénasalisation ressemble tout à fait au<br />

cas des adjectifs qui dévocalisent leur u devant une voyelle,<br />

bel homme, nouvel an, fol orgueil, mol édredon, vieil homme :<br />

ici aussi c'est le son du féminin qu'on entend.<br />

3. C'est ce qui condamne encore la dénasalisation au moyen de<br />

l'accent aigu de énamourer, enivrer et enorgueillir, où se rencontre<br />

le même phénomène de liaison (voir page 133); car ces<br />

mots devraient donner normalement, s'ils se dénasalisaient,<br />

a-namourer, a-nivrer, a-norgueillir, comme on prononce dans<br />

le Midi, très logiquement (cf. a-nuyer pour ennuyer).

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