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LÀ SEMI VOYELLE OU 199
Nous venons de voir ou semi-voyelle quand Vu se
prononce dans les groupes qua et gua. Nous avons
vu aussi que la diphtongue oi représentait en réalité
ouà ou wa ; et il en est de même de oin qui est identique
à ouin.
La prononciation de oi et oin en une seule syllabe
est même si facile que les groupes de consonnes bl,
6r, etc., ne produisent jamais ici la diérèse, pas plus
dans grojin, malgré Victor Hugo, que dans croix ou
emploi (i).
Il arrive aussi parfois que ïo s'assourdit en ou
même devant une voyelle autre que in. Cela est nécessaire
dans joaillier, qui, malgré son orthographe,
est apparenté à joyau, et il n'y a que les poètes pour
obliger le lecteur à scander jo-aillier. Mais le phénomène
se produit parfois même dans oasis ou casoar,
qu'on prononce facilement ouam et casouar, quand
on parle un peu vite (2).
Autrefois, notamment au XVI e siècle, cet assourdissement
de l'o en ou était un phénomène général;
jusqu'à la Révolution, poète et poème, où Boileau
avait rétabli définitivement la diérèse en vers, se
prononcèrent en prose et dans l'usage courant
pouème et pouète. Mais cette prononciation ne saurait
aujourd'hui être admise (3).
1. La diérèse de oi est d'ailleurs impossible dans récriture ;
quant à celle de groin, elle aboutit à gro-in, où la prononciation
du mot est évidemment altérée. Nous avons déjà vu cela.
2. Je ne pense cependant pas qu'on aille jusqu'à clouaque,
parce que le groupe cl maintient l'o séparé de l'a.
3. Avant Boileau, quelques poètes hésitaient, quoique la
majorité fût pour po-èie : ainsi Corneille ne connaît que la synôrèse,
et La Fontaine Ta faite trois fois sur quatre dans sei
Fables. Le XVII e siècle faisait encore la synérèse jusque dans
Moïse (écrit Moyse), Bohême, Noailles ou Noël, et Ton trouverait
encore des endroits où Ton prononce Mouise ou JSouel, ou
même Noil (nwal), qui est encore donné par M me Dupuis, concurremment
avec poite, poisie et Boime, prononcés par ouè.