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REMARQUES SUR IN 141
Le groupe oin doit se prononcer ouin et non OUAW,
comme on fait dans certaines provinces, et moindre
peut rimer avec cylindre, mais non avec entendre.
J'ajoute que oin est toujours monosyllabe. V. Hugo
a cru, et il n'était pas le premier, que les nécessités
ou les commodités de la versification l'autorisaient
à scinder en deux le mot groin :
... eux, déchiffrer Homère, ces gens-là !
Ces diacres, ces bedeaux dont le gro-in renifle (1).
Mais alors on est obligé de prononcer gro-in, ce
qui altère le mot sensiblement (2). Ailleurs, il écrit
grou-in pour la rime (3) : cela vaut encore mieux;
d'autres l'avaient fait avant lui, et quelques personnes
prononcent ainsi. Mais c'est une erreur, et, malgré
les trois consonnes initiales (grw), groin n'est pas
plus difficile à prononcer en une syllabe que bruit,
instruit ou croix, qui en ont autant (4). Voyez Saint-
Amant, dans le Melon :
Et des truffes... qu'un porc
Fouille pour notre bouche et renverse du groin.
mais quand il s'agit de la finale, tout le monde sait que les finales
nasales sont propres au français : on tient donc à respecler l'n,
comme on le fait dans Ibsen ou Beethoven, ou dans policeman,
et c'est ei tout seul qui se francise comme dans Leibniz; on a
ainsi Hubinstèn. Il n'y a pas grand'chose à dire à cela : on n'est pas
obligé de savoir l'allemand, et tout vaut mieux que d affecter de
savoir ce qu'on ne sait pas. On fera bien cependant de prononcer
à l'allemande Holbein et aussi Gérolstein.
1. Contemplations, XIII : le morceau date de 1855, et non de
1835. Cf. l'Ane, VI, et Toute la Lyre, IV, xxv.
2. Eu revanche, c'est o-in qu'il faut prononcer dans les composés
de co-, comme coïncidence, ou co-intéressé, où la diphtongue
oin n'a rien à faire.
3. Châtiments, IV, xm, pour rimer avec Drouyn, dont la
finale est nasale, comme celle de Gédoyn.
4. Le cas n'est pas du tout le même que celui de meur-trier
ou en-crier, qui ont dû nécessairement se décomposer.