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LA SEMI-VOYELLE V 197
D'abord l'u est parfois suivi lui-même d'un groupe
où t est semi-voyelle, auquel cas Vu doit rester distinct,
comme dans tu-ions, tu-iez (1).
Mais surtout deux consonnes différentes quelconques
suffisent généralement ici pour empêcher la
synérèse, par exemple dans argu-er, sanctu-aire ou
respectu-eux, et presque tous les mots en -ueux,
aussi bien que dans obstru-er, conclu-ant, concluions,
flu-ide, bru-iné et dru-ide, où figurent les groupes
connus cl, br, etc.
Toutefois la diphtongue étymologique s'est maintenue,
même en vers, malgré les mêmes consonnes,
dans autrui, dans pluie et truie, dans bruit, fruit
et truite, dans détruire, instruire et construire (2);
elle s'est diérésée seulement dans bru-ire, bru-issant,
brunissement, qui sont plutôt des mots poétiques,
et même dans ébru-iter. Euphu-isme, mot savant,
n'a pas subi la synérèse, non plus que du-o.
Vu est semi-voyelle à fortiori, même en vers, quand
il se prononce dans les groupes qua, gué et qui, gua,
gue et gui; mais ilne garde le son u que devant e et
i : questeur, aiguille ; il prend le son de la semivoyelle
ou devant a : équation, guano (3).
11 va sans dire que, dansj'tmt, Vu ne doit pas prendre
le son ou, comme il arrive souvent (cela arrive
parfois même dans puis). Quelques-uns prononcent
jun, ce qui est encore pis; d'autres même prononcent
juun sans s'en apercevoir! Juin doit se prononcer
comme il est écrit, mais en une seule syllabe.
1. Je ne parle pas de fabriquions ou navig(u)-ions, où
Vu n'est qu'un signe orthographique.
2. Les groupes brui ou trui sont, en effet, beaucoup plus
faciles à prononcer sans décomposition que bryer ou tryer.
C'est pourquoi la diphtongue a pu se conserver là où elle existait;
mais elle n'a jamais existé dans dru-ide et flu-ide, et ne
s'y est point formée.
S. Voir plus loin, aux chapitres du G et du Q.