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E. Perret : récits algériens 1830-1848 - Accueil

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- 112 —<br />

capitaine avait demandé aux colons qui étaient venus<br />

se réfugier dans la redoute toutes leurs charrues, qu'il<br />

mit en batterie, en y ajoutant un morceau de bois noirci<br />

pour simuler la pièce de canon. Il leur avait aussi<br />

réclamé tous leurs chapeaux, avait joint à cette collection<br />

de coiffures civiles toutes les calottes sans<br />

emploi de ses zouaves, puis ayant placé le tout sur des<br />

bâtons plantés le long du parapet, il faisait circuler ses<br />

hommes au milieu. De loin, les Arabes se firent illusion, et<br />

crurent la redoute bondée de défenseurs et hérissée d'artillerie.<br />

De pareils officiers devaient inspirer tous les dévouements,<br />

et les dévouements s'étendirent à tous, officiers, sous-officiers,<br />

soldats. Les zouaves avaient vraiment le fanatisme<br />

de l'uniforme. Nous pourrions raconter des centaine:; d'épisodes,<br />

où ces soldats d'élite se sont fait hacher plutôt<br />

que d'abandonner un des leurs aux mains de l'ennemi.<br />

Pendant l'expédition que fit en Kabylie le général Bugeaud,<br />

en 1844, le capitaine Corréard, blessé de trois coups de<br />

feu, refusa de quitter le commandement de sa compagnie.<br />

Un zouave nommé Guichard, voyant faiblir son capitaine,<br />

l'enleva malgré lui et essaya de le porter en arrière de la<br />

ligne de combat. Deux Kabyles s'élancent ; Guichard dépose<br />

le blessé à terre, tue un Kabyle d'un coup de feu et frappe<br />

l'autre d'un coup de baïonnette. Il recharge ensuite son<br />

capitaine sur ses épaules et réussit à le porter à l'ambulance.<br />

Les officiers qui ont eu l'honneur de servir aux zouaves<br />

avant la loi de recrutement de 1872, loi qui, en supprimant<br />

les rengagements, a fait disparaître les vieux soldats,<br />

avaient une confiance absolue dans ceux qu'ils commandaient.<br />

Dévoués à leurs hommes, ils sentaient qu'ils<br />

étaient réellement l'objet d'une respectueuse affection.<br />

Au bivouac, c'était à qui, d'entre eux, s'ingénierait à<br />

améliorer l'installation des officiers. Nous avons passé dans<br />

un de ces régiments les plus belles années de notre vie. Aussi

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