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E. Perret : récits algériens 1830-1848 - Accueil

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rai. Dans le courant de l'été 1846, le bruit que tous les pri-<br />

, sonniers de la déïra, à l'exception de quelques officiers et<br />

sous-officiers, avaient été exécutés dans la nuit du 27 au<br />

28 avril, répandit la consternation en Algérie. Les premiers<br />

renseignements sur ce déplorable événement furent donnés<br />

par Guillaume Roland, clairon au 8° bataillon de chasseurs.<br />

Malgré trois blessures, un coup de feu, un coup de<br />

yatagan et un coup de poignard, Roland était parvenu à<br />

s'échapper, et avait pu, sous la conduite d'un Marocain,<br />

gagner la redoute de Lalla-Maghnia.<br />

Depuis quelque temps, la déïra était dans une situation<br />

des plus critiques ; une sorte de papier-monnaie, créé par<br />

Abd-el-Kader, et auquel l'espoir d'un succès chimérique<br />

avait donné quelque crédit, n'obtenait plus cours parmi<br />

les tribus marocaines chez lesquelles la déïra achetait des<br />

vivres. Elle ne trouvait plus de moyens d'existence en restant<br />

sur le terrain qui lui était assigné, et Mustapha-ben-<br />

Tahmi n'osait prendre sur lui de transporter ailleurs le triste<br />

troupeau qui lui était confié. Plusieurs fois, il écrivit à son<br />

beau-frère qu'il lui était de plus en plus difficile de nourrir<br />

les trois cents prisonniers français dont il avait la garde.<br />

Pendant ce temps, les pourparlers au sujet de l'échange<br />

des prisonniers avaient échoué ; l'émir laissa alors son<br />

lieutenant libre d'agir selon les circonstances, et comme<br />

celui-ci réclamait des instructions moins vagues, il reçut<br />

l'autorisation formelle de faire massacrer les nôtres.<br />

Redoutant le courage désespéré des Français, Mustaphaben-Tahmi<br />

eut recours à la perfidie. Mais donnons la parole<br />

au clairon Roland, qui fut à la fois acteur et spectateur<br />

de ce drame sanglant.<br />

« La déïra, dit-il, était campée à environ trois lieues de<br />

la Malouïa. Les prisonniers, établis sur le bord de la rivière,<br />

occupaient une vingtaine de gourbis, au milieu du<br />

camp des fantassins réguliers. Ceux-ci, au nombre de cinq<br />

cents environ, étaient répartis aussi dans des gourbis, par<br />

bandes de cinq ou six. Le camp était clos par une enceinte

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