11.05.2013 Views

E. Perret : récits algériens 1830-1848 - Accueil

E. Perret : récits algériens 1830-1848 - Accueil

E. Perret : récits algériens 1830-1848 - Accueil

SHOW MORE
SHOW LESS

You also want an ePaper? Increase the reach of your titles

YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.

— 330 —<br />

fait-il qu'un si vaillant homme que toi, si maître de son<br />

fusd, n'ait jamais chassé le lion ni cherché à se venger<br />

d'un animal qui lui enlève tous les jours des boeufs et des<br />

moutons? »<br />

El-Arbi répondit :<br />

« Tu ne sais pas qu'il y a un pacte entre moi et les lions,<br />

et que je ne puis ni ne dois les combattre, de quelque manière<br />

que ce soit ! »<br />

Et il entame son récit :<br />

« Il y a bien des années de cela, mes enfants, c'était du<br />

temps du bey Mohammed-el-Kébir. J'étais jeune alors,<br />

c'était à peine si le poil avait levé sur ma figure. — Quoique<br />

l'on ne doive pas parler de soi et se vanter, ie dois néanmoins<br />

vous dire que j'étais alors cité pour un non cavalier.<br />

— J'avais échangé des balles avec nos voisins les Khobazzas<br />

et les Bethyas ; ils savaient déjà que les miennes ne<br />

s'égaraient pas, et eux, de leur côté, m'avaient troué la<br />

peau- Voyez cette blessure à la jambe gauche et cette<br />

autre au cou.<br />

» Une année, nous avions établi notre campement d'hiver<br />

à la colline des glands, sous Kef-el-Siga.<br />

» C'était bien près de la forêt et des repaires du houche<br />

(lion); mais nous étions alors en guerre ouverte avec les<br />

Beni-Chaïb et les gens de l'Ouarsenis, il n'aurait pas été<br />

prudent de rester en plaine en butte à leurs attaques ;<br />

mieux valait être exposés à perdre quelque bétail par le<br />

fait des bêtes que d'être complètement razziés par nos ennemis.<br />

» Ce que nous avions prévu toutefois arriva.<br />

» Nous n'étions pas dans notre mechta (campement)<br />

depuis deux semaines, que nous avions déjà trois boeufs<br />

cassés et cinq ou six brebis enlevées par le lion, du milieu<br />

de notre douar, malgré les grands abatis d'arbres dont<br />

nous étions entourés.<br />

» Mon père et mes oncles (que Dieu leur fasse miséricorde<br />

!) étaient très peliés de ces pertes; de plus, le som-

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!