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E. Perret : récits algériens 1830-1848 - Accueil

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de la rupture du jeûne, et les soirs bien longs d'été, un formidable<br />

cri de soulagement accompagne la détonation.<br />

Ceux qui approchaient de l'émir ont pu le voir sans<br />

armes ; ils ne l'ont jamais vu sans chapelet. Le chapelet<br />

(sebha) est porté au cou par les marabouts ; il a toujours<br />

quatre-vingt-dix-neuf grains. Après les cinq prières obligatoires,<br />

tout Arabe est tenu de dire son chapelet de la<br />

manière suivante : il le divise en trois parties égales de<br />

trente-trois grains chacune, et il répète trente-trois fois<br />

chacune des formules suivantes : Dieu soit glorifié, louange<br />

à Dieu et Dieu est le plus grand.<br />

Abd-el-Kader était superstitieux comme un enfant. On<br />

lui a entendu souvent réciter, entre autres un jour qu'un<br />

juif s'était présenté inopinément à lui, la formule orthodoxe<br />

d'exorcisme, telle qu'elle est donnée par le Coran :<br />

« Je mets ma confiance dans le maître des hommes, roi<br />

des hommes, dieu des hommes, contre la malignité du perfide<br />

souffleur qui souffle dans le coeur des hommes, et<br />

contre la malignité des génies et des hommes.<br />

)> J'ai recours au maître du malin contre la malignité des<br />

êtres qu'il a créés, contre la malignité de la lune amie des<br />

ténèbres, contre la malignité des femmes qui font des<br />

voeux en soufflant, et contre la malignité de l'envieux<br />

quand il veut nuire. »<br />

Comme tous les Arabes, il admettait des bons et des<br />

mauvais présages. Jamais il ne se serait mis en voyage<br />

sous une influence de mauvais augure, comme par exemple<br />

lorsque, au sortir de sa tente, il rencontrait un homme nu<br />

ou même demi-nu, ou qu'il entendait croasser un corbeau,<br />

ou qu'il croisait une vieille femme ou un aveugle.<br />

Chez lui, tout se faisait au nom de Dieu. Le règlement<br />

très sommaire et très barbare qu'il donna à ses troupes<br />

régulières n'était autre chose qu'un catéchisme militaire,<br />

tant le Coran y était invoqué de fois. Les chapitres de ce<br />

règlement étaient précédés et suivis de commentaires théologiques<br />

ou de prières. Il n'écrivait jamais aux tribus qu'en

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