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E. Perret : récits algériens 1830-1848 - Accueil

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rise à l'infini la multiplication de la vermine dans les habits,<br />

ils sont envahis par les poux, et tolèrent ces parasites avec<br />

une patience angélique. Abd-el-Kader tout le premier,<br />

•dans les entretiens les plus graves, ramassait ses poux sur<br />

son haïk, les roulait dans ses doigts et les jetait sur ses<br />

tapis ou à terre. Il accablait de railleries les prisonniers<br />

qu'il voyait chasser la vermine dont ils étaient couverts.<br />

Quelquefois l'indigène, par trop infesté, se fâche contre ces<br />

insectes parasites; il allume alors un grand feu, ôte son<br />

burnous, et requiert l'assistance d'un ami pour l'étendre<br />

au-dessus de la flamme. Les petites bêtes, séduites par la<br />

•chaleur, étendent leurs pattes pour se détirer à l'aise ; ex<br />

le propriétaire du vêtement trop habité, par de petits<br />

coups de bâton appliqués doucement, les fait alors traîtreusement<br />

tomber clans la flamme. Les prisonniers français<br />

qui voyaient Abd-el-Kader manipuler ses poux ont remarqué<br />

que les fidèles nègres de sa garde particulière procédaient<br />

souvent ainsi avec les burnous et les haïks de<br />

l'émir.<br />

Ses repas n'étaient pas des repas à la Lucullus. Le plus<br />

souvent, ils se composaient du vulgaire couscouss, aliment<br />

composé simplement avec de la farine de froment, même<br />

avec de la semoule et apprêté diversement.<br />

A ce plat national arabe, quelquefois il ajoutait des galettes<br />

au beurre ou des fruits. Il ne buvait jamais que du<br />

petit lait ou de l'eau, et ne se permettait le café que dans<br />

de rares occasions. Il jeûnait une fois par semaine, et ne<br />

fumait jamais ; il proscrivait même le tabac à fumer, n'admettant<br />

que le tabac à priser. On conçoit qu'une pareille<br />

défense gênait singulièrement son entourage et ses réguliers,<br />

qui devaient attendre, pour fumer à leur aise, qu'il<br />

fût endormi.<br />

Abd-el-Kader aimait beaucoup la diffa, c'est-à-dire l'hospitalité<br />

arabe comprenant la nourriture. La diffa est fournie<br />

comme témoignage de soumission. Les tribus au milieu<br />

desquelles passaient les armées indisciplinées de l'émir

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