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E. Perret : récits algériens 1830-1848 - Accueil

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— 411 —<br />

pieux rendez-vous qui lui était assigné. Quelques soldats<br />

lui improvisèrent un autel à quelques pas du marabout;<br />

deux planches grossières, posées sur deux bâtons, devinrent<br />

la table sainte ; sur deux perches à hauteur d'homme,<br />

enfoncées en terre, on accrocha le manteau du prêtre<br />

pour former le fond de cet autel primitif; le bénitier était<br />

un de ces simples petits vases en fer blanc dont le soldat<br />

se sert en campagne, et qu'il nomme quart ; l'aspersoir<br />

était une feuille de palmier-nain ; deux fanaux de marine,<br />

apportés de Djemma, servirent de flambeaux ; enfin, la<br />

croix fut fixée dans le canon d'un fusil. Ces préparatifs<br />

achevés, Cavaignac fit déployer sa troupe sur une seule<br />

ligne et sur un seul rang, chaque soldat ayant son fusil en<br />

bandoulière ; puis on se mit lentement en route, ramassant<br />

les os et les débris d'armes, d'équipements, de vêtements<br />

épars toutle long du plateau. Ces débris, pieusement réunis,<br />

furent transportés à Djemma-Ghazaouat. Devant le funèbre<br />

amoncellement, les bataillons serrés en masse défilèrent,<br />

puis firent face à droite et présentèrent les armes, pendant<br />

que l'artillerie tirait une salve de ses canons.<br />

Ce cérémonial militaire achevé, la colonne forma le caivé<br />

autour de l'autel. Il serait difficile de rendre les impressions<br />

qui se peignaient sur le visage hâlé de nos soldats,<br />

pendant que le sacrifice de la messe s'accomplissait ainsi<br />

sous la voûte du ciel ; des témoins racontent que cette<br />

cérémonie fut sublime, et qu'à l'élévation, les tambours et<br />

les clairons retentirent comme la clameur d'un triomphe.<br />

S'adressant à la foule attentive, le vicaire général trouva<br />

au fond de son coeur des paroles qui exprimaient avec une<br />

rare éloquence les sentiments du plus pur patriotisme, et<br />

qui émurent profondément l'auditoire.<br />

« C'est là, disait ce vénérable prêtre, c'est là qu'ils mou<br />

rurent ! Voilà cette terre qui a bu le sang de quatre cents<br />

braves I Comme à Waterloo, où la France avait dit, par la<br />

bouche d'un de ses fils : Je meurs et ne me rends pas ; de<br />

même, longtemps après, en face d'autres ennemis, quatre

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