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E. Perret : récits algériens 1830-1848 - Accueil

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— 392 —<br />

restent suspendus à sa joue par un lien de chair, que chacun<br />

de ses membres soit brisé un à un, et que de chacun<br />

d'eux sorte une douleur nouvelle. »<br />

L'épouvantable supplice ordonné par Bou-Maza eut lieu.<br />

Le malheureux caïd fut tenaillé avec un fer rougi au feu,<br />

on lui creva les yeux, ses membres furent broyés un à un<br />

parle revers d'un yatagan. Bel-Kassem vivait encore, quand<br />

le Mouley-el-Sâa s'approcha de lui en criant :<br />

« Vous autres, qui avez été témoins de la justice, allez.<br />

Que tous le sachent; ainsi seront punis les serviteurs des<br />

chrétiens. La douleur en ce monde, la mort pour aller<br />

souffrir dans l'autre, voilà qui les attend. »<br />

Et, armant son pistolet, il cassa la tête de Bel-Kassem.<br />

Plusieurs exécutions de ce genre donnèrent à Bou-<br />

Maza un prestige extraordinaire. C'était réellement un dan-<br />

gereux ennemi, car il avait pour lui l'admiration respectueuse<br />

des Arabes. Lorsqu'il devait se défendre contre des<br />

compétiteurs religieux non affiliés aux Khouans, il s'écriait<br />

:<br />

« Que celui qu'anime l'esprit de Dieu se révèle en présence<br />

de l'ennemi ! »<br />

Et cet appel restait sans réponse, nul n'osant lui disputer<br />

le prix de la bravoure, vertu qui est la plus estimée des<br />

Arabes. Le pouvoir de Bou-Maza était donc immense.<br />

Un jour, se présenta devant lui un Kabyle, évidemment<br />

un compère. « Des gens, lui dit-il. m'ont annoncé que tu<br />

es l'envoyé de Dieu. Dans ta course plus rapide que celle<br />

du lion, tu rassasies les vautours de cadavres de chrétiens ;<br />

un fleuve de sang les rejettera dans la mer d'où ils sont<br />

venus vivants. Je veux savoir la vérité. Si tu viens d'en<br />

haut, ce pistolet sera sans effet sur toi; si tu as menti, la<br />

balle qu'il renferme dévoilera ton imposture. »<br />

Le Mouley-el-Sâa se leva avec calme, et répondit :<br />

« Que la preuve de la vérité soit donnée. »<br />

Le Kabyle arma son pistolet, visa Bou-Maza à la poitrine,<br />

et lâcha la détente. Bien entendu, le coup ne partit

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