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E. Perret : récits algériens 1830-1848 - Accueil

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— 115 —<br />

premiers jours de leur arrivée en Afrique, les aloës pour<br />

de gigantesques asperges. Le 58° fut désormais connu sous<br />

le nom peu honorable de : voleur de bon Dieu.<br />

Il y avait de ces chapardages qui prêtaient à rire. Un<br />

iour, à la suite d'une razzia, le maréchal Bugeaud, un<br />

peu agronome et éleveur, comme on sait, fit mettre de<br />

côté les plus beaux moutons pour les envoyer en France.<br />

Après avoir jeté un coup d'oeil sur le troupeau, il alla<br />

reposer sous sa tente. Il fut réveillé tout à coup par certains<br />

bêlements significatifs, et, s'étant levé, il vit les<br />

zouaves répandus au milieu du troupeau, faisant, eux<br />

aussi, leur choix. Le maréchal furieux se jeta dans la mêlée,<br />

en chemise et la tête couverte de la légendaire casquette,<br />

autrement dit un bonnet de coton. Les zouaves<br />

s'éclipsent, sans oublier les moutons ; le maréchal rentre<br />

sous sa tente, fait appeler le colonel des zouaves, et lui<br />

demande une perquisition sous les tentes de ses soldats.<br />

Le colonel exécute cette perquisition, qui ne révèle absolument<br />

rien. « Faites donc faire l'appel, crie le maréchal<br />

exaspéré. » On fait l'appel; il ne manque personne.<br />

« — Pour le coup, c'est trop fort, dit le héros de l'Isly. »<br />

Et sa fureur tombe d'un coup ; il éclate de rire.<br />

« — Us ne me joueront pas de tour, vos zouaves, nous<br />

disait pendant l'expédition de 1864 un colonel<br />

ment de ligne ; moi aussi j'ai servi aux zouaves,<br />

nais et, du reste, mes lignards sont prévenus.<br />

d'un régi-<br />

je les con-<br />

»<br />

Ce colonel, au bout de deux ou trois mois de campagne,<br />

répétait souvent:<br />

« — Ce qui est par trop monotone dans ces maudites<br />

colonnes, c'est la nourriture. Toujours du boeuf et du<br />

mouton. Boeuf et mouton, mouton et boeuf. »<br />

Près de Sétif, un jeune capitaine adjudant-major réussit<br />

à se procurer deux canards. « Enfin ! dit le colonel, ce soir<br />

nous serons délivrés du boeuf. »<br />

Quelques heures après, le cuisinier contemplait amoureusement<br />

le volatile mis à la broche, bien doré, bien cuit

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