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E. Perret : récits algériens 1830-1848 - Accueil

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— 428 —<br />

» En me tournant vers le camp, j'entendais les cris des<br />

prisonniers et des gens d'Abd-el-Kader. Les coups de fusil<br />

ont duré plus d'une demi-heure ; et si j'en juge par le bruit<br />

que j'ai entendu, mes camarades ont dû se défendre.<br />

» Voulant échapper au massacre, plusieurs prisonniers<br />

s'étaient réfugiés dans nos gourbis, au milieu du camp ;<br />

pour les en chasser, on y mit le feu, et on les tirait au fur<br />

et à mesure qu'ils sortaient.<br />

» Voyant que personne ne me rejoignait, j'ai franchi la<br />

Malouïa, et j'ai marché pendant trois nuits, me cachant<br />

le jour. Le troisième jour, vers trois ou quatre heures, il a<br />

plu et il faisait un vent qui coupait les broussailles. J'ai<br />

continué à marcher, mais j'étais presque nu, je souffrais,<br />

je supposais que j'avais encore pour deux ou trois heures<br />

de marche. Préférant en finir, je me suis dirigé vers un village<br />

marocain, où je suis arrivé avant la tombée de la<br />

nuit. A l'entrée, j'ai rencontré des femmes qui venaient<br />

puiser de l'eau ; à mon aspect, elles ont pris la fuite en<br />

poussant des cris, et je suis entré dans le village.<br />

» A l'extrémité d'une petite rue, j'aperçus un jeune<br />

homme d'une vingtaine d'années ; en me voyant, il sortit<br />

un poignard pour me tuer ; comme je voulais mourir, je<br />

m'avançais vers lui lorsqu'un autre homme, venu d'une<br />

terrasse voisine, retint le bras du jeune homme. Ce dernier<br />

m'emmena chez lui, me fit chauffer quelques minutes, puis<br />

me conduisit dans sa case. Là, il m'attacha les pieds et<br />

les mains, et jeta sur moi une couverture. Moi, je ne disais<br />

rien, je, croyais que je ne souffrirais pas longtemps. Cependant,<br />

il me dit qu'il ne me tuerait pas. Je passai la nuit<br />

comme je pus ; au matin, il vint me détacher. Je suis resté<br />

sept jours avec lui ; il ne me laissait pas sortir, parce qu'il<br />

y avait des gens qui voulaient me tuer.<br />

« Le septième jour, est arrivé un homme qui m'a acheté<br />

Jeux douros, et qui m'a fait partir la nuit pour me conduire<br />

dans sa maison. En arrivant, il m'a donné un haïk<br />

et un burnous ; il m'a gardé dix jours. Le dixième jour, il

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