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E. Perret : récits algériens 1830-1848 - Accueil

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arceaux de marbre sculpté portent encore le croissant de<br />

la domination turque. Derrière lui, ses officiers, état-major<br />

de guerre que l'on sent toujours prêt à sauter à cheval et<br />

à courir au péril; à sa droite, tous les corps de l'armée :<br />

l'infanterie, si tenace, si laborieuse et si utile; la cavalerie,<br />

dont le bruit du sabre frappant les dalles, résonne comme<br />

un lointain écho du bruit de la charge ; et, à sa gauche, les<br />

gens de grande tente des Douairs et des Smélas, revêtus<br />

du burnous blanc sur lequel brillait, pour plusieurs, ce<br />

ruban rouge que les services rendus ou les blessures re-<br />

çues pour notre cause avaient fait attacher à leur poitrine.<br />

Leur attitude pleine de dignité, les longs plis de leurs vêtements<br />

tombant jusqu'à terre, leur regard limpide et brillant<br />

comme le diamant, ce regard dont les races d'Orient<br />

ont le privilège, rappelaient les scènes de la Bible, et le<br />

vieux chef français, salué avec respect comme homme et<br />

comme le premier de tous, semblait le lien puissant qui<br />

devait cimenter l'union des deux peuples. Ce fut ainsi en-<br />

touré, que le maréchal Bugeaud reçut les onze prisonniers<br />

de Sidi-Brahim, et qu'on le vit, faisant les premiers pas,<br />

s'incliner en embrassant ces confesseurs de l'honneur militaire.<br />

Il nous prit le coeur à tous, lorsque nous entendîmes<br />

les nobles paroles que son âme de soldat sut trouver,<br />

en remerciant, au nom de l'armée, ces débris qui semblaient<br />

survivre pour témoigner que nos jeunes légions d'Afrique<br />

avaient conservé intactes les traditions d'honneur et<br />

d'abnégation léguées par les bataillons des grandes guerres.<br />

»<br />

Abd-el-Kader était décidément aux abois. Contre onze<br />

prisonniers, il avait demandé un peu d'argent à la France;<br />

c'était l'indice infaillible de la profonde misère dans laquelle<br />

il était plongé. Ce trafic porta une immense atteinte à son<br />

prestige; il s'en aperçut bientôt, lorsqu'on tenta de l'assassiner.<br />

Comme il était debout sur le seuil de sa tente, n'ayant<br />

plus auprès de lui ses fidèles nègres qui s'étaient dispersés,<br />

plusieurs coups de feu furent tirés sur lui. Il reçut

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