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E. Perret : récits algériens 1830-1848 - Accueil

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— S25 —<br />

délicatesse que les fils du roi Louis-Philippe devinrent populaires<br />

dans cette armée dont ils venaient courageusement<br />

partager les périls et les souffrances.<br />

En revenant de cette expédition de Médéa, le maréchal<br />

Valée avait à se préoccuper de Miliana, où étaient enfermés<br />

douze cents hommes de la légion étrangère, avec le<br />

lieutenant-colonel d'Illens. Miliana, quand on l'enleva au<br />

fameux Ben-Àllal-ben-Embark, khaliia d'Abd-el-Kader,<br />

n'était plus qu'un monceau de ruines dans lesquelles on<br />

découvrit trois jarres d'huile rance, que l'on partagea entre<br />

l'ambulance et les compagnies pour l'entretien des armes.<br />

Une odeur infecte y régnait, et nos troupes durent boucher<br />

à la hâte les brèches ouvertes dans l'enceinte. On reconnut<br />

après quelques jours que les vivres de l'armée étaient<br />

.avariés, et si un de ces criminels fournisseurs, oui<br />

n'hésitent pas à frauder l'Etat au détriment de la vie de<br />

nos soldats, s'était trouvé dans la ville, nul doute que<br />

les légionnaires ne l'eussent impitoyablement fusillé. Bientôt<br />

, par suite d'une nourriture atrocement mauvaise,<br />

la masure servant d'hôpital fut remplie de malades, la<br />

plupart couchés sur la terre, les plus souffrants sur<br />

des matelas tormés avec de la laine arrachée aux égouts<br />

où les Arabes l'avaient noyée avant l'évacuation, et qui<br />

avait été lavée avec plus ou moins de soin.<br />

Grâce à un moral de fer, la garnison de Miliana se soutint<br />

jusqu'au mois de juillet ; mais une chaleur accablante<br />

fit alors éclater les maladies avec une formidable violence.<br />

Sur douze cents hommes, le lieutenant-colonel d'Illens<br />

n'en pouvait réunir cent cinquante capables de remplir un<br />

service actif. Il fallait donner le bras aux soldats que l'on<br />

conduisait en faction, et il leur était permis de s'asseoir.<br />

Le fusil entre les jambes, ils contemplaient l'espace avec<br />

ce morne regard qui déjà ne voit plus. Souvent le factionnaire<br />

mourait à son poste ; le sergent de garde allait en<br />

rendre compte à son officier en disant d'une voix sombre :<br />

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