11.05.2013 Views

E. Perret : récits algériens 1830-1848 - Accueil

E. Perret : récits algériens 1830-1848 - Accueil

E. Perret : récits algériens 1830-1848 - Accueil

SHOW MORE
SHOW LESS

You also want an ePaper? Increase the reach of your titles

YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.

221<br />

Mais se battre n'était pas assez pour le troupier. On l'employait<br />

à tout ; il faisait tous les métiers par tous les<br />

temps, par toutes les saisons, sans autre salaire qu'une<br />

légère augmentation de nourriture, aumône donnée à la<br />

faim. Le soldat français, seul des soldats des armées européennes,<br />

dépose ainsi son fusil pour prendre la truelle du<br />

maçon, la hache du bûcheron ou la pioche du terrassier.<br />

Notre armée d'Algérie a résolu le problème de l'application<br />

des troupes aux travaux publics. On vit jadis des régiments<br />

entiers, sous-officiers en tête, hisser au sommet des montagnes<br />

des blockhauss ou des maisons fortifiées servant<br />

de télégraphes aériens, des bataillons ouvrir des carrières<br />

et en extraire des matériaux servant à la construction de<br />

redoutes ou de casernes. Le travail en commun, fait observer<br />

le duc d'Orléans, est la pierre philosophale de la<br />

science économique. Pendant, de longs mois, le soldat était<br />

abrité derrière des remparts qu'il avait contribué à élever ;<br />

le camp était pour lui une prison, un tombeau souvent,<br />

et il ne connaissait pas les plaisirs énervants de la cité.<br />

Pendant les années 1838 et 1839, tant de coups de pioche<br />

furent donnés dans cette terre d'Afrique qui n'avait pas<br />

été remuée depuis des siècles et dont le sol dégageait des<br />

miasmes mortels, que sur un effectif d'un peu plus de<br />

quarante mille hommes, six mille moururent dans les<br />

hôpitaux. La paix était plus meurtrière que la guerre !<br />

Et dans ce climat dévorant, où l'été et l'hiver sont excessifs,<br />

le soldat, pendant des mois et des années, ne couchait<br />

pas sur un matelas, ne se déshabillait jamais. Tant<br />

de fatigues, tant de misères, épuisaient à la longue les<br />

organisations les plus fortes, et quand il tombait malade,<br />

sa condition ne faisait qu'empirer. Les Chambres ne distribuaient<br />

les fonds qu'avec parcimonie, ne paraissant pas<br />

se douter qu'il est du devoir du législateur de ne jamais<br />

lésiner pour les établissements hospitaliers. Quand le duc<br />

û'Aumale commandait la division de Constantine, il eut<br />

toutes les peines du monde à faire bâtir un hôpital ther-

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!