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E. Perret : récits algériens 1830-1848 - Accueil

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— 52 —<br />

géant s'étendaient en chaînes de montagnes ; de sa barbe<br />

s'échappaient des torrents et ses flancs étaient un sanctuaire<br />

impénétrable et mystérieux.<br />

Quand la science géographique des anciens cessa de se<br />

nourrir de contes fabuleux, elle n'en fut pas beaucoup plus<br />

avancée. Les géographes firent assaut d'extravagances.<br />

Pline affirmait gravement, d'après des renseignements contemporains,<br />

que le Nil prenait ses sources dans les montagnes<br />

de la Mauritanie, aujourd'hui le Maroc ; il en était de<br />

même, disait-il, pour le Niger. Pomponius Mêla, précédant<br />

un de nos poètes du dix-huitième siècle, Lefranc de<br />

Pompignan, représentait les riverains du Nil et du Niger<br />

comme passant leurs journées à insulter le soleil, lequel,<br />

bien entendu, ne se lassait jamais de verser « des torrents<br />

de lumière sur ses obscurs blasphémateurs ».<br />

En <strong>1830</strong>, on était fort en retard sur la géographie de<br />

l'Afrique ; les <strong>récits</strong> des voyageurs ne nous avaient rien<br />

appris, non plus que les <strong>récits</strong> des captifs qui ne quittaient<br />

guère Alger ou sa banlieue. M. de Lesseps, consul à<br />

Tunis, avait donné beaucoup de renseignements, mais comme<br />

ces renseignements étaient tous basés sur des racontars<br />

arabes plus ridicules les uns que les autres, ils ne nous<br />

apprenaient rien. Le général de Bourmont, alors ministre,,<br />

les prenant toutefois au sérieux, fit rédiger et imprimer<br />

par le dépôt de la guerre une notice des plus curieuses<br />

qui fut distribuée aux troupes. Nous avons déjà raconté que<br />

l'intendance fit embarquer des appareils perforatoires, ainsi<br />

que des mdliers de quintaux de bois et de charbon, dans l'idée<br />

que l'eau et le bois manquaient partout aux environs d'Alger.<br />

Persuadés que les tigres et les lions étaient aussi communs<br />

en Algérie que les alouettes dans les prairies du<br />

Nivernais, les officiers français, après le débarquement,,<br />

invitèrent leurs hommes à ne pas s'éloigner du camp,<br />

même quand il n'y avait rien à craindre des Arabes. La<br />

première nuit, les glapissements des chacals firent très-

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