11.05.2013 Views

E. Perret : récits algériens 1830-1848 - Accueil

E. Perret : récits algériens 1830-1848 - Accueil

E. Perret : récits algériens 1830-1848 - Accueil

SHOW MORE
SHOW LESS

You also want an ePaper? Increase the reach of your titles

YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.

— 299 —<br />

Mustapha-ben-Ismaïl, résistèrent pendant six années à<br />

l'émir. Séparée, ignorée du reste du monde, sans retraite<br />

ni capitulation possibles, cette garnison de Tlemcen put faire<br />

face à l'ennemi qui l'usait sans la vaincre, triompher des<br />

privations et du découragement. Quand Mustapha, alors<br />

âgé de soixante-quinze ans, remit la ville au maréchal<br />

Clauzel venu à son secours, ce vieillard à l'oeil de feu et à<br />

la barbe blanche, montrant les murailles éventrées du<br />

Méchouar avec l'orgueil d'un vieux soldat fier de ses blessures,<br />

lui dit :<br />

« Ces jours-ci, j'ai perdu soixante de mes plus braves<br />

enfants ; mais en te voyant, j'oublie nos malheurs passés et<br />

je me confie à ta réputation. Nous nous remettons à toi,<br />

moi, les miens,<br />

de nous. »<br />

et tout ce que nous avons ; tu seras content<br />

Et nous fûmes contents de lui! Jamais chef arabe ne'<br />

nous fut plus fidèle.<br />

C'est à sa haine pour Abd-el-Kader que<br />

la France a dû son<br />

attachement si fidèle. Pendant près de trente ans, Mustaphaben-Ismaïl<br />

avait été l'agha des Turcs dans la province<br />

d'Oran, et lorsque le jeune fils de Mahi-Eddin fut créé<br />

sultan par les tribus des environs de Mascara, il refusa de<br />

lui obéir, déclarant que jamais, avec sa barbe blanche, il<br />

a'irait baiser la main d'un enfant.<br />

Les vieux soldats d'Afrique ont gardé le souvenir de ce<br />

majestueux vieillard, chargeant en avant des siens, fièrement<br />

campé sur sa selle aux étrïers d'or, ses haïks<br />

flottant au vent, son oeil allumé Sous les yeux de ce chef<br />

redouté, chacun brûlait de se distinguer. « Je n'ai que deux<br />

ennemis, disait-il souvent, Satan et Abd-el-Kader. » Aussi,<br />

quand il surprit avec ses Douars, au milieu de fourrés<br />

jugés impénétrables, les approvisionnements de l'armée<br />

arabe, il monta sur la montagne, et, semblable au prophète<br />

des temps bibliques, chargea les vents de porter<br />

ces paroles à son ennemi :<br />

« El Hadj Abd-el-Kader, la terre du Moghreb n'est pas

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!