11.05.2013 Views

E. Perret : récits algériens 1830-1848 - Accueil

E. Perret : récits algériens 1830-1848 - Accueil

E. Perret : récits algériens 1830-1848 - Accueil

SHOW MORE
SHOW LESS

Create successful ePaper yourself

Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.

— 2)9 —<br />

appartenaient à une nation non-ennemie des Arabes, mais<br />

l'orgueilleux émir répondit qu'il faisait la guerre à toutes<br />

les puissances chrétiennes à la fois.<br />

M. France convint plus tard que les rares officiers français<br />

prisonniers étaient l'objet d'une certaine considération.<br />

Les Arabes montrèrent pour l'un d'eux, M. de Mirandol (1),<br />

un respect superstitieux. La déira (convoi de prisonniers)<br />

dont il faisait partie, et qui se composait d'une centaine de<br />

Français, changeait fort souvent d'emplacement, et chaque<br />

tribu, à tour de rôle, en avait la garde. Pendant un de ces<br />

changements, elle fut assaillie par la population fanatique<br />

d'un village, et tous les prisonniers furent roués de coups.<br />

Un vieil Arabe, plus fanatique que les autres, marcha sur le<br />

lieutenant Mirandol un fusil à la main, et le couchant en<br />

joue à bout portant, s'écria :<br />

« Chien de chrétien, répète après moi : Dieu est grand<br />

et Mahomet est son prophète, ou tu vas mourir.<br />

» — Dieu est grand, dit l'énergique lieutenant, le regard<br />

ferme et assuré, et Mahomet est un imposteur ; je suis le<br />

serviteur du Christ, et tu ne peux rien contre moi. Tire,<br />

ton fusil ne partira point. » .<br />

Le fusil rata, et le lieutenant Mirandol, impassible, continua<br />

son chemin au milieu d'une population frappée de<br />

stupeur.<br />

Ayant appris le fait, Abd-el-Kader s'écria qu'il voyait là<br />

une éclatante manifestation de la protection divine. Il donna<br />

des ordres pour que le brave officier fût entouré de soins<br />

et d'égards et pour que le traitement des prisonniers fût<br />

adouci. On ne tarda pas à offrir sa liberté à M. de Mirandol,<br />

mais il refusa de séparer son sort de celui de ses compagnons<br />

d'infortune.<br />

« Dire qu'il faut une publication de hasard comme la<br />

mienne pour faire connaître un pareil trait d'héroïsme,<br />

(1) M. doMirandol,lieutenant d'étal-major,faisait son stage au 2e régimentdo<br />

chasseursd'Afrique; il fut plustard généralà l'expéditiondu Mexique.

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!