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E. Perret : récits algériens 1830-1848 - Accueil

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moment où l'on faisait cette superbe déclaration, la population<br />

européenne ne s'élevait qu'à 25,000 âmes, et, sur ce<br />

nombre, il n'y avait que 11,000 Français. Quelques chétifs<br />

établissements s'étaient bien fondés de ci, de là; mais les<br />

exploitants n'étaient le plus souvent que les gérants de<br />

quelques compagnies qui manquaient de capitaux.<br />

Le maréchal Valée ne se montra pas trop<br />

favorable à la<br />

colonisaton ; il désapprouvait le plan du maréchal Clauzel,<br />

qui encourageait les petits établissements isolés, et il estimait<br />

qu'il fallait procéder sagement et marcher pas à pas,<br />

de façon à créer des établissements fortement agglomérés,<br />

s'appuyant les uns sur les autres et pouvant se secourir<br />

mutuellement. Le vainqueur de Constantine ne sut pas<br />

réagir contre les lenteurs des formalités administratives,<br />

qui avaient pour résultat de faire dépenser aux colons arrivant<br />

à Alger dans une longue et pénible attente, les ressources<br />

qu'ils avaient apportées. Ces malheureux n'étaient<br />

jamais mis en possession des terres qu'on leur concédait,<br />

que lorsqu'ils n'avaient plus d'argent pour les mettre en<br />

valeur.<br />

Louis Veuillot trace un tableau fort sombre de la colonisation<br />

en 1841. « Aucune terre, dit-il, n'est cultivée nulle<br />

part, à moins qu'on n'accorde le nom de terre cultivée à<br />

quelques jardinets, situés sous le fusil de nos remparts,<br />

où l'on récolte quelques légumes et quelques salades qui<br />

se vendent à prix d'or. La viande, les fruits, le pain, le<br />

fourrage, tous les objets de consommation viennent par la<br />

mer. Nous ne nous levons guère de table que le gouverneur<br />

général ne calcule avec amertume la somme que le<br />

repas a coûté à la France, sans compter le sang. Lorsqu'on<br />

lui parle de la colonisation, son bon sens n'y peut<br />

itenir : il se répand en railleries poignantes contre ce mensonge<br />

criant, n'épargnant personne, et ne s'inquiétant guère<br />

de savoir qui l'écoute... A peu d'exceptions près, il n'y a<br />

en Algérie d'autres colons que les fonctionnaires, les agioteurs<br />

et les cabaretiers. »

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