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E. Perret : récits algériens 1830-1848 - Accueil

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— 367 —<br />

liers et un millier de cavaliers irréguliers, le serpent du<br />

désert sortit de l'oasis avec ses fidèles Saharis, attaqua Sidi-<br />

Okba avec tant d'impétuosité, qu'il le mit complètement en<br />

déroute, détruisit le bataillon régulier auquel il prit deux<br />

petits canons, ainsi que trois drapeaux, et envoya cinq cents<br />

paires d'oreilles, en témoignage de victoire, au général Gaibois,<br />

commandant la province de Gonstantine.<br />

Les khalifas avaient sous leurs ordres des aghas qui,<br />

eux-mêmes, étaient les supérieurs des caïds ; chaque caïd<br />

commandait à une tribu, et chaque tribu se subdivisait en<br />

fractions obéissant à des cheikhs (vieillards).<br />

Tous ces secrétaires et ces khalifas, pris en masse, formaient<br />

autour d'Abd-el-Kader un entourage exécré par les<br />

Arabes, qui disaient communément : « Le sultan, c'est le<br />

paradis; son entourage, c'est renier. »— En dehors des sévères<br />

prescriptions de sa religion, l'émir a toujours subi lanéfaste<br />

influence de ces quelques personnages durs et vindica-<br />

tifs, qui le volaient audacieusement sans qu'il osât trop protester.<br />

Le plus rapace et le plus dangereux, était certainement le<br />

fameux Ben-Allal Ben-Si-Embarek.<br />

Avec de pareils hommes il était difficile à l'émir de<br />

pouvoir se départir des habitudes de sauvagerie et de férocité<br />

innées chez les Arabes. Après une affaire contre<br />

une tribu de ces malheureux Coulouglis que la diplomatie<br />

aveugle des généraux Desmichels et Bugeaud livrèrent à<br />

ses coups, il fit paraître devant lui dix-huit prisonniers que<br />

ses soldats avaient dépouillés complètement et dont la nudité<br />

n'était cachée que par quelques haillons couverts du<br />

sang qui découlait de leurs blessures. Les malheureux savaient<br />

d'avance leur sort ; d'un Arabe, un Turc ou fils de<br />

Turc n'avait à espérer ni clémence ni justice. Abd-el-Kader,<br />

les yeux baissés, égrenait son chapelet avec vivacité ; un<br />

morne silence permettait d'entendre le claquement des dents<br />

d'un vieillard blessé grelottant de froid.<br />

A la fin l'émir leva la tête, et regardant les prisonniers<br />

avec son oeil bleu plein de dureté :

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