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E. Perret : récits algériens 1830-1848 - Accueil

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que, et ses hommes, pied à terre, causent tranquillement.<br />

Le parlementaire, habillé du burnous rouge des cavaliers<br />

réguliers d'Abd-el-Kader, crie à Blandan en mauvais Iranjais<br />

:<br />

« Rends-toi ; nous ne te ferons pas de mal. »<br />

Froidement le sergent sort du cercle, ajuste le nègre, et<br />

lui répond, en pressant la détente de son arme :<br />

« Voilà comment se rend un Français. »<br />

L'envoyé de Ben-Douhad tombe sanglant aux pieds de<br />

sou cheval, et Blandan, magnifique de sang-froid, se replie<br />

sur ses hommes en leur disant :<br />

« A présent, camarades, il ne s'agit plus que de montrer<br />

à ces gens-là comment des Français savent se défendre.<br />

Surtout ne nous pressons pas et visons juste. »<br />

Réglementairement, en Algérie, chaque fantassin n'avait<br />

alors que vingt cartouches. C'était, à la façon précipitée<br />

dont tirent habituellement les hommes livrés à eux-mêmes,<br />

l'affaire de vingt minutes de combat. C'était, à la façon dont<br />

le sergent se proposait de régler le tir, l'affaire d'une demiheure<br />

à peine.<br />

Au coup de feu de Blandan, les cavaliers de Ben-Douhad<br />

effarés, montent précipitamment à cheval, sortent du ravin,<br />

et s'éparpillent dans la plaine pour le prendre de tous<br />

côtés. Ils caracolent autour de lui comme une volée de<br />

vautours, se promettant bien de rapporter vingt et une<br />

têtes dans leur tribu. A la première décharge, ils abattent<br />

sept des nôtres, ainsi que leurs chevaux, derrière les cadavres<br />

desquels s'embusquent aussitôt les survivants.<br />

Superbes d'audace, ces vaillants, héroïques soldats, commencent<br />

un tir lent et meurtrier, ne perdant pas une balle,<br />

prenant le temps nécessaire pour viser. Seul, Blandan est:<br />

debout au milieu des siens ; il n'interrompt son feu que<br />

pour prendre des cartouches dans les gibernes des morts<br />

et des blessés, et les donner à ses conscrits. Le sous-aide.<br />

Ducros fait bravement le coup de feu, et les trois chasseurs<br />

d'Afrique, jetant leur mousqueton qui n'a pas une portée

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