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E. Perret : récits algériens 1830-1848 - Accueil

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— 220 —<br />

leur commandant : « Qu'est-ce donc, Monsieur, lui crie-t-il ?<br />

Vous avez donc peur, que vous reculez ainsi 9» A ces mots,<br />

le brave officier, qui se nommait Beugnot, pâlit, jette, par<br />

un mouvement convulsii, son sabre au milieu des Arabes,<br />

se précipite au milieu d'eux, et tombe percé de coups.<br />

Le général Bedeau était en expédition autour de Tlemcen.<br />

Son avant-garde composée d'une demi compagnie de chasseurs<br />

à pied commandée par le sous-lieutenant Collet<br />

se heurta à un assez grand marabout, que les Arabes<br />

avaient crénelé et d'où partaient des coups de fusil. Le<br />

sous-lieutenant déploya sa section, fit commencer le feu,<br />

et envoya un des siens prévenir le général : « Que signifie<br />

votre démarche ? dit Bedeau en accourant. C'est la<br />

peur qui vous empêche de marcher à l'ennemi ? » Collet,<br />

sans répondre un mot, s'élança en avant ; quelques-uns<br />

de ses hommes le suivirent par dévouement. Il n'avait pas<br />

fait dix pas qu'il était mortellement frappé. Les braves<br />

chasseurs qui l'avaient accompagné furent tous tués en<br />

essayant de ramener le corps de leur officier.<br />

Le général Bedeau reconnut alors qu'une poignée de<br />

soldats n'était pas suffisante pour s'emparer du marabout.<br />

Il fut obligé d'employer le canon, et les Arabes n'évacuèrent<br />

la situation que lorsqu'ils virent la porte céder<br />

sous les obus.<br />

Notre tableau ne serait pas complet si nous négligions<br />

d'ajouter que dans cette guerre où l'on brisait le corps du<br />

soldat, chacun savait que fait prisonnier et abandonné à la<br />

barbarie des Arabes rendus semblables aux bêtes fauves<br />

par l'ivresse du sang, c'était pour tous la mutilation, les<br />

tortures les plus épouvantables.<br />

Certes, si le succès a couronné les efforts de l'ancienne<br />

et vaillante armée d'Alrique, cette armée l'a dû au caractère<br />

vigoureusement trempé de ses officiers et de ses sol-<br />

dats, à cette gaîté vraiment française mêlée d'énergie qui<br />

les portait à rire et à plaisanter au milieu des souffrances<br />

et des misères les plus écrasantes.

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