11.05.2013 Views

E. Perret : récits algériens 1830-1848 - Accueil

E. Perret : récits algériens 1830-1848 - Accueil

E. Perret : récits algériens 1830-1848 - Accueil

SHOW MORE
SHOW LESS

Create successful ePaper yourself

Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.

— 142 —<br />

ses lieutenants soulevaient les tribus déjà lasses de leur<br />

nouveau bey. Ainsi les populations dont Yusuf avait promis<br />

le concours, qui devaient fournir des auxiliaires, des<br />

vivres, des transports surtout, nous devenaient subitement<br />

hostiles. La petite armée réunie à grand'peine par le maréchal<br />

n'avait plus à compter que sur elle-même poux<br />

conquérir Constantine.<br />

Cependant la belle saison s'écoulait. L'automne s'annonçait<br />

mal, et ce ne fut qu'après de longues et orageuses<br />

traversées que les troupes prises à Oran et à Alger débar-<br />

quèrent à Bône. Malgré le dévouement de la marine qui<br />

fit remorquer tous les transports par les rares bateaux à<br />

vapeur dont elle disposait à cette époque, certains corps<br />

restèrent jusqu'à quarante jours sur le pont des vaisseaux,<br />

exposés à la pluie et aux vagues, sans pouvoir se sécher,,<br />

ni se chauffer, ni marcher. Un bateau chargé de chevaux<br />

du train alla à la côte ; un autre dut se réfugier à<br />

Toulon.<br />

Bône n'était pas encore, comme aujourd'hui, une des<br />

plus ravissantes villes d'Algérie. C'était, en 1836, un<br />

affreux cloaque encombré de ruines et d'ordures, où l'on<br />

amoncela les troupes venues de l'ouest, déjà épuisées<br />

par les souffrances de la traversée. Les pluies persistèrent<br />

jusqu'au 10 octobre; elles étaient glaciales et une humidité<br />

malsaine, pénétrante, qui pourrissait les munitions<br />

d'artillerie, leur succéda. Un froid brouillard glaçait nos<br />

malheureux soldats qui ne connaissaient pas encore la petite<br />

tente. Comble de malheur, des neiges précoces firent<br />

leur apparition dès le lor novembre.<br />

Les troupes entassées à Bône atteignaient le chiffre de<br />

8,000 hommes ; au bout de trois semaines, elles comptaient<br />

2,000 fiévreux. Et pas d'hôpital ! Il y avait bien une<br />

sorte d'établissement hospitalier pouvant contenir trois<br />

cents lits ; mais les soldats devaient attendre leur tour<br />

pour y être admis, et l'on comprend que pour beaucoup<br />

de malades le seul tour qui arrivât jamais était le tour

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!