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E. Perret : récits algériens 1830-1848 - Accueil

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— 198 —<br />

tenant à Abd-el-Kader. Puis venaient quatre porte-drapeaux<br />

portant le drapeau de la cavalerie, soie rouge, celui<br />

de l'infanterie, soie jaune avec deux bandes bleues horizontales,<br />

et deux drapeaux particuliers au chef suprême, l'un<br />

vert et bleu, l'autre jaune et rouge. Tous les vendredis<br />

(dimanche des musulmans) les drapeaux étaient exposés et<br />

déployés devant la tente de l'émir.<br />

Après les porte-drapeaux venait Abd-el-Kader lui-même<br />

au milieu d'un groupe d'officiers. Suivaient immédiatement<br />

les trente nègres de la garde particulière et enfin la cavalerie<br />

pêle-mêle, les réguliers mêlés aux irréguliers, selon<br />

la convenance de chacun.<br />

L'Arabe a la haine de la contrainte; de là une marche<br />

sans ordre. L'infanterie régulière se maintenait à peu<br />

près à son rang ; mais à peine avait-on fait un kilomètre<br />

ou deux, que les auxiliaires prenaient un espace énorme.<br />

Ces soldats irréguliers avaient ordre de ne rien dérober,<br />

mais comme l'indigène est pillard de sa nature, il ne se<br />

passait pas de jour que les chaouchs n'arrêtassent quantité<br />

de délinquants. On les amenait à Abd-el-Kader, qui<br />

arrêtait son cheval un instant, et les faisait bâtonner sans<br />

pitié ; le même manège recommençait une ou deux heures<br />

après. Un lièvre était-il levé? Une centaine de cavaliers se<br />

lançaient à sa poursuite. Cette armée en marche n'était<br />

qu'une cohue désordonnée ; le bruit était indescriptible,<br />

chaque bataillon jouant du tambour pour son compte, et<br />

les musiciens débandés jouant chacun de son côté.<br />

Après le traité de la Tafna, il y eut une recrudescence<br />

dans les désertions. La plupart de ceux qui allèrent re-<br />

joindre les Arabes étaient des Allemands de la légion<br />

étrangère ou des hommes appartenant à des corps disciplinaires.<br />

Ces misérables, gens sans aveu ni moralité, devaient<br />

tous en arrivant faire une abjuration solennelle ;<br />

mais les indigènes ne se faisaient aucune illusion sur les<br />

sentiments religieux de ces nouveaux convertis, et sachant<br />

parfaitement qu'ils ne changeaient aussi facilement de

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