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E. Perret : récits algériens 1830-1848 - Accueil

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parlait l'arabe, et qu'iï était possible qu'il fût tenté de parler<br />

de religion aux Arabes. »<br />

De telles prohibitions, de pareilles tracasseries sont ridicules<br />

et odieuses. Les Anglais, nos maîtres en colonisation,<br />

favorisent dans leurs colonies leurs missionnaires presbytériens<br />

et méthodistes ; mais nos voisins d'outre-Manche,<br />

hommes de vraie liberté, estiment que la tolérance est une<br />

des formes de cette liberté même. La raison ou le prétexte<br />

toujours mis en avant pour entraver l'action du clergé est<br />

qu'en <strong>1830</strong> nous aurions promis aux vaincus d'Alger le .<br />

libre exercice de leur culte; des insurrections, ajoute-t-on,<br />

seraient à craindre si nous permettions à nos prêtres de<br />

faire oeuvre de propagande dans les tribus. Les prêtres anglais<br />

font bien, eux, oeuvre de propagande dans les colonies<br />

britanniques qui pour cela ne s'insurgent aucunement.<br />

Le clergé algérien n'a jamais demandé qu'à ne pas subir de<br />

sottes tracasseries et à jouir des mêmes droits qu'en France;<br />

à Fépoque du maréchal Bugeaud, comme à l'heure actuelle,<br />

il ne réclamait que la liberté de prédication muette des vertus<br />

de l'Evangile.<br />

Monseigneur Dupuch usa sa santé, donna sa fortune,<br />

et finit par succomber à la peine, laissant après lui un déficit<br />

considérable qui dénonçait l'insuffisance des ressources<br />

mises à sa disposition. Lorsqu'en 1838 il avait débarqué à<br />

Alger, il n'y avait dans cette grande ville qu'une seule<br />

église desservie par un ecclésiastique et dépourvue des objets<br />

les plus nécessaires au culte. Il s'y trouvait aussi un établissement<br />

à l'hôpital<br />

de soeurs qui fournissaient des<br />

civil. Quand le prélat parcourut<br />

gardes-malades<br />

son diocèse, il<br />

ne rencontra à Oran qu'un vieux prêtre pliant sous le faix,<br />

et un autre à Bône qui était obligé de dire la messe<br />

dans une masure arabe. Dès ce moment, cet évêque sans<br />

clergé entreprit une véritable lutte. Bien qu'appuyé par les<br />

autorités les plus hautes, par le roi et la reine, par le<br />

gouverneur général, il échouait misérablement contre une<br />

bureaucratie intraitable et tracassière qui le séparait de

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