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E. Perret : récits algériens 1830-1848 - Accueil

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— m —<br />

un pur-sang à un cheval de fiacre. C'est du grand déserf<br />

seulement que l'on peut dire: Du sable! puis du sable!<br />

en murmurant les vers du poète :<br />

Ces monts à jaune crête<br />

Quand souffle la tempête<br />

Roulent comme des flots.<br />

Une poésie pénétrante envahit le cerveau du voyageui<br />

qui s'aventure dans la région des dunes, autrement région<br />

des eurgs ; mais disons-le, il faut être doué d'un<br />

parti pris violent pour s'éprendre du Sah'ra algérien. C'est<br />

le pays du vide, un désert dont les solitudes sont sans<br />

grandeur. Le touriste qui les parcourt, même commodément<br />

et à cheval, sent son coeur se serrer dans une inexprimable<br />

angoisse. Il lui semble que sur ces mornes solitudes<br />

ait soufflé le vent de la malédiction, et les montagnes<br />

arides, pelées, disgracieuses, qui se profilent à l'horizon,<br />

ne reposent pas le regard. Ces solitudes désolées ne sont<br />

pas le vrai désert, elles n'en sont qu'un mauvais pastiche.<br />

Généralement saturée de sels de magnésie, l'eau,<br />

même dans les oasis, est saumâtre ; quanta celle que Ton<br />

trouve en dehors des oasis, il faut un vrai courage pour la<br />

boire, caria plupart du temps elle a un fumet qui soulève<br />

le coeur, et la viande que Ton y fait bouillir acquiert une<br />

odeur prononcée de putréfaction.<br />

C'est de loin en loin, et bien rarement, que l'on rencontre<br />

dans le Sah'ra un puits d'eau fraîche et limpide ; les<br />

Arabes, qui considèrent un puits comme un lieu sacré,<br />

le couvrent soigneusement de branchages et d'herbes pour<br />

empêcher les sables chassés par le vent de le combler. Le<br />

plus souvent, nos colonnes expéditionnaires n'ont pour<br />

soulager leur soif que des r'dirs (au pluriel r'daïrs), sortes<br />

de bassins naturels dans le lit des rivières ou dans les bas-<br />

fonds, où les eaux pluviales séjournent plus ou moins longtemps.<br />

Les r'dirs sont d'affreuses mares dans lesquelles

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