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E. Perret : récits algériens 1830-1848 - Accueil

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— 37/ —<br />

gueil de l'émir fut ainsi satisfait. C'est alors qu'il passa le Chéliff,<br />

fit une pointe sur Bougie, et montra qu'il était prêt à<br />

rompre le traité de la Tafna.<br />

Nous avons montré dans Abd-el-Kader l'homme privé,<br />

le soldat, le général ; il nous reste à dire ce qu'était le législateur,<br />

l'homme politique.<br />

Comme il connaissait la piété des Arabes, piété réelle<br />

quoique de nos jours elle soit fortement teintée d'hypocrisie,<br />

il avait constamment entre les mains, pour le seconder,<br />

le levier de la loi religieuse. Il voulait être à la fois l'homme<br />

le plus capable, le plus brave et le plus pieux de l'Algérie.<br />

Il se montrait d'une exactitude scrupuleuse dans l'accomplissement<br />

de ses devoirs religieux; tous les vendredis, au<br />

temps de sa puissance, quand il possédait encore des villes,<br />

il se rendait solennellement à la mosquée, escorté de huit<br />

chaouchs en tête desquels marchait un caïd. Le peuple<br />

l'attendait à sa porte et le suivait respectueusement ; à la<br />

mosquée, après avoir prié comme fidèle, il enseignait<br />

comme prêtre, ayant soin, bien entendu, d'accommoder<br />

ses prédictions avec ses intérêts politiques et selon les<br />

nécessités du moment. Par un temps de grande sécheresse,<br />

il sortit un jour dans la campagne, la tête et les<br />

pieds nus, récitant des prières pour demander la pluie, et<br />

il voulut que les Juifs, précédés de leur rabbin, joignissent<br />

.eurs supplications à celles des Musulmans.<br />

Cependant Abd-el-Kader, en vrai Arabe, méprisait profondément<br />

les Juifs. « Un juif, disait-il, est à peine audessus<br />

de l'idolâtre, qui lui-même est à peine au-dessus<br />

du porc. » Mais il les tolérait au milieu des siens parce qu'ils<br />

pratiquaient le négoce qui répugne aux indigènes, et parce<br />

que, ayant presque tous un état et ne s'épargnant pas au<br />

travail, ils se rendaient ainsi utiles et même indispensables.<br />

Dans la société arabe, telle que prétendit la constituer l'é-<br />

mir, la condition des Juifs était aussi précaire qu'abjecte ;<br />

ils n'étaient pas esclaves, en ce sens qu'ils n'appartenaient<br />

pas à un homme et que leur personne n'était pas l'objet

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