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E. Perret : récits algériens 1830-1848 - Accueil

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— 219 —<br />

plage stérile, se nourrissent de la chair des chevaux tués<br />

à l'ennemi; là, les zéphyrs du 3° bataillon d'Afrique, enfermés<br />

à Djemilah, réduits à une poignée de riz par jour,<br />

boivent leur urine relevée avec un peu de poudre, livrent<br />

des combats furieux pour conquérir une mare d'eau bourbeuse,<br />

et, quand les cartouches manquent, leur commandant<br />

les voit tomber un à un. Là, les défenseurs de Médéa,<br />

rongés par la vermine, glacés par le froid, attendent en se<br />

battant tous les jours qu'une colonne expéditionnaire<br />

vienne leur apporter un peu de nourriture.<br />

Attaquer, marcher en avant, qu'était-ce, qu'est-ce encore<br />

pour l'armée française? Mais ceux qui n'accordent à nos<br />

soldats que l'impétueux et théâtral courage de l'attaque,<br />

ceux qui leur contestent la patience et la fermeté dans les<br />

privations et les revers, eussent changé d'avis s'ils les<br />

avaient, vus à la première expédition de Constantine, conservant<br />

leur discipline, leur énergie, tout leur ressort, jusqu'au<br />

terme d'une lutte soutenue non seulement contre un<br />

ennemi implacable et acharné, mais encore contre la<br />

famine et la maladie.<br />

Que de scènes de deuil ! Que d'épreuves subies avec<br />

une admirable constance par des hommes auxquels il ne<br />

restait d'entier que le coeur, et qui manquaient de tout,<br />

excepté du sentiment du devoir militaire ! Que d'effroyables<br />

fatigues supportées avec une nourriture insuffisante, et<br />

en ayant la perspective que le lendemain devait amener<br />

les mêmes labeurs et les mêmes souffrances !<br />

Et nos braves officiers ! Comme ils payaient de leur personne<br />

et savaient donner l'exemple ! Quelle suprême injure<br />

que de paraître douter de leur courage ! Un lieutenant<br />

de zouaves, commandant une compagnie de fiànqueurs, voit<br />

ses hommes plier sous le nombre ; il allait ordonner un<br />

mouvement offensif, quand arrive au galop le général Chan-<br />

garnier, monté sur son grand cheval allemand. Le général,<br />

qui ne se rendait pas compte très exactement de ce qui<br />

venait de se passer, apostrophe vivement les zouaves et

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