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E. Perret : récits algériens 1830-1848 - Accueil

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grouillent confusément les reptiles et les insectes; les chameaux,<br />

les bêtes de somme, les chiens viennent s'y abreuver<br />

en pataugeant à qui mieux mieux, et en les remplissant<br />

de leurs déjections.<br />

Ces <strong>récits</strong> ne visent pas à la poésie ; nous présentons les<br />

choses telles qu'elles sont, en soldat qui a vu. Si des touristes<br />

veulent voir le Sah'ra, de loin bien entendu, qu'ils<br />

.fassent le voyage de Riskra dans la province de Constantine<br />

et qu'ils demandent la permission de monter sur la<br />

terrasse de la caserne. Là, surtout au lever du soleil, ils<br />

auront l'illusion du désert; mais qu'ils n'afilent pas plus<br />

loin, et qu'ils se contentent du Tell, où Ton trouve à chaque<br />

pas des sites merveilleux.<br />

Il ne faudrait pas croire que toutes les oasis ressemblent<br />

à celle de Biskra, où une municipalité européenne<br />

veille avec soin à la propreté des rues et à l'entretien des<br />

chemins. Pour les militaires qui ont voyagé dans le Sah'ra,<br />

Biskra n'est qu'un joli décor d'opéra, bien lavé et bien<br />

brossé.<br />

Ces oasis, où les Européens ne pénètrent qu'en passant,<br />

sont des séjours qui n'ont rien d'enchanteur. Le voyageur<br />

n'a pas même la consolation d'être à l'ombre, le palmier<br />

ayant un feuillage grêle qui laisse passer les rayons les<br />

plus ardents du soleil ; il ne peut même s'y désaltérer, Teau<br />

qu'on y boit étant tiède, purgative, et très peu limpide.<br />

On voit distinctement la vermine mêlée à la poussière,<br />

car l'Arabe, presque toujours couvert de poux, quand<br />

il saisit un de ces insectes vagabonds, le pose sur la<br />

terre avec autant de délicatesse et de ménagements qu'un<br />

fakir hindou pour qui la métempsycose est un dogme<br />

sacré.<br />

Et pour le reste, que Ton n'entre pas dans le ksar. Là<br />

groiullent des populations hideusement malpropres, se vautrant<br />

dans des bouges infects ou dans des rues remplies<br />

de détritus innommés, et passant leur vie dans un abrutissement<br />

complet, une paresse avilissante. Si par hasard

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