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E. Perret : récits algériens 1830-1848 - Accueil

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Touraine ou en Anjou. Les mêmes objets reçoivent des appellations<br />

différentes à la Mecque, au Caire, à Tunis, à Oran<br />

ou à Fez. Evidemment, au fur et à mesure que les premiers<br />

conquérants arabes s'éloignaient du berceau de leur race,<br />

ils mêlaient à leur langage quelques termes de l'idiome des<br />

peuples conquis, et peu à peu la prononciation de leur<br />

langue se modifiait par la nature des contrées dont ils prenaient<br />

possession.<br />

En sa qualité de marabout lettré, Abd-el-Kader affectait<br />

de parler l'arabe pur du Coran ; on voyait, sous sa tente,<br />

grand ouvert, un kamous (1) ou dictionnaire arabe qu'il<br />

feuilletait souvent. Et pourtant ce lettré ne savait pas<br />

écrire (2).<br />

Des secrétaires ou tolbas (pluriel de taleb, savant) écrivaient<br />

ses lettres ; en guise de signature, comme tout le<br />

monde, il apposait au bas l'empreinte de son cachet (3).<br />

Les secrétaires d'Abd-el-Kader étaient au nombre de<br />

trois. Le premier d'entre eux, Mohammed-el-Kharroubi, ancien<br />

khodja (en turc secrétaire) du bey d'Oran, avait un<br />

esprit assez fin et servait d'instrument et peut-être d'espion<br />

à l'empereur du Maroc qui le payait grassement. Le<br />

deuxième, nommé Mohammed-ben-Abd-er-Rhaman, parent<br />

de la femme d'Abd-el-Kader, était un dangereux fanatique,<br />

hypocrite et. capable de tout. Un vieillard, Mustapha-ben-<br />

(1)Kamou3, littéralementocéan; cetteappellationest usitéepar les Arabespour<br />

figurerl'immensitéde leurlangue.<br />

(2) Laplupartdes Arabesde grandelente,c'est-a-diredesArabesdebonnefamille,<br />

nesaventui Lireni écrire.Abd-el-Kader ne se distinguaitd'euxqueparcequ'ilsavait<br />

lire.<br />

(3) Lecachetd'un chefaraboporte généralementsou nomet est enfermédansun<br />

petitsacheten soie ouen drap,suspenduau cou par descordonsde soie,et dontil<br />

nese séparejamais. L'empreintest impriméeauhaut dela lettrequandc'estunsupérieurquiécrita<br />

un inféiieur; il est apposéau basdanslecascontraire.Lecachet<br />

portele nomdu fonctionnairet la naturede ses fonctions,et cettedésignationest<br />

généralement précédéed'uneformulereligieusetiréedu Coran.Celuid'Abd-el-Kader<br />

portaitles titres suivants: « Khalifede Dieusur la terre, princedescroyants, inspecteurdu<br />

trésorpublic,khalifede l'empereurdu Maroc,guerriercombattantpourla<br />

causede Dieu,qui fait triompherla religion.»

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