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E. Perret : récits algériens 1830-1848 - Accueil

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dents. Chose difficile à croire, ils se déguisaient en buisson.<br />

Le factionnaire ne comptait pas toujours le nombre des buissons<br />

qu'il avait devant lui, et ne s'apercevait pas qu'un d'eux<br />

avançait toujours vers le camp quand la monotonie de la faction<br />

lui faisait tourner le dos pour se promener lentement sur<br />

l'emplacement qui lui était assigné; à un moment donné, le<br />

buisson tombait, et il en sortait un Arabe qui se glissait<br />

dans le camp ou qui arrachait un faisceau d'armes avec lequel<br />

il bondissait dans la broussaille. Une nuit, ces maraudeurs<br />

enlevèrent le mulet à bagages du général en chef<br />

au milieu des tentes de l'état-major général. Une autre<br />

fois, deux d'entre eux avisèrent un grand ballot enveloppé<br />

dans une couverture blanche; ils l'enlevèrent et se mirent<br />

à détaler. Mais quelque chose se démena vigoureusement ;<br />

ils le laissèrent tomber, et il en sortit un lieutenant de<br />

grenadiers qui s'était enveloppé dans cette couverture pour<br />

dormir.<br />

Avec le nouveau système de grand'gardes, chaque capitaine<br />

disposait sa compagnie par groupes de deux, trois ou<br />

quatre hommes, qui, blottis dans des plis de terrain, derrière<br />

des broussailles, des amas de pierre, attendaient<br />

les Arabes le doigt sur la détente du fusil et ne tiraient qu'à<br />

bout portant. Encore les zouaves prirent-ils l'habitude de<br />

ne plus même faire leu ; ils tuaient l'ennemi à la baïonnette,<br />

silencieusement et sans bruit, tant pour ne pas donner<br />

l'éveil au camp et prévenir les paniques que pour ne<br />

pas avertir les autres maraudeurs (1).<br />

Les scènes militaires au théâtre donnent les idées les<br />

plus fausses sur la guerre, et ceux qui n'ont ïamais guerroyé<br />

se figurent volontiers qu'une grand'garde est représentée<br />

par des groupes d'hommes dormant àla belle étoile,<br />

enveloppés de manteaux, l'escopette au poing, gardés par<br />

un des leurs qui se promène de long en large en lançant<br />

dans les ténèbres un regard farouche, et en entretenant<br />

(1) Leszouavesfurent les premiersa adopterle systèmodes embuscadesque pcr-<br />

. fcctionnapar la suitele généralBugeaud.

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