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E. Perret : récits algériens 1830-1848 - Accueil

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les Turcs vinrent s'y établir, et virent les Arabes accroupis<br />

dans l'abrutissement, ils prouvèrent bien qu'ils étaient<br />

musulmans comme eux, et ne tentèrent aucun effort pour<br />

les relever.<br />

Que Ton observe l'Arabe encore aujourd'hui. A de rares<br />

exceptions près, dans le voisinage des centres de colonisation,<br />

il sème un peu à l'entrée de l'hiver pour récolter à<br />

l'entrée de Tété suivant. Nulle prévision de ses besoins, et<br />

lorsque la récolte a manqué, le voilà exposé aux famines<br />

les plus épouvantables. En 1867, année où le choléra s'est<br />

joint à la famine, la colonisation européenne a sauvé les<br />

Arabes de la mort. Peuple essentiellement nomade et pasteur,<br />

ne voyant que l'intérêt immédiat de leurs troupeaux.<br />

ils jettent ceux-ci à travers les broussailles et les forêts<br />

qu'ils incendient afin d'augmenter la zone des pâturages,<br />

ne se doutant en aucune façon que les végétations<br />

arborescentes ont pour fonctions d'emmagasiner les eaux<br />

pluviales. Si les Français n'occupaient pas l'Algérie depuis<br />

un demi-siècle, il est à croire que toutes les sources seraient<br />

taries ou à peu près, comme à Test de la Tripolitaine<br />

ou dans l'Arabie prétendue heureuse. Le Sah'ra était<br />

autrefois couvert de forêts ; les Arabes sont arrivés et ont<br />

tout détruit, car ils sèment partout la désolation.<br />

Le sol étant presque toujours dévasté, et l'Arabe de la<br />

plaine ayant besoin pour faire vivre ses troupeaux d'immenses<br />

espaces, les tribus vivent loin les unes des autres.<br />

L'Arabe ne saurait donc se départir de cette sauvagerie de<br />

moeurs qui est l'apanage des peuples pasteurs vivant en petites<br />

agglomérations isolées.<br />

On peut dire qu'aujourd'hui, pas plus qu'en <strong>1830</strong>, la société<br />

arabe n'existe ; car toute société consacre au moins<br />

deux grands intérêts, la propriété et la famille. Si nous<br />

parlons de la propriété en ce pays, nous observerons<br />

que la conception de l'Arabe ne s'étend guère au-delà de<br />

la tribu qui est la famille agrandie ; c'est à peu près tout<br />

ce qu'il peut se figurer en tant que groupement d'hommes.

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