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E. Perret : récits algériens 1830-1848 - Accueil

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— 274 —<br />

Les <strong>récits</strong> du temps nous disent combien était populaire<br />

dans l'armée d'Afrique le nom du vénérable évêque d'Alger;<br />

cette popularité, l'abbé Suchet, vicaire général, la partageait.<br />

C'est que nul plus que lui ne seconda aussi activement le<br />

prélat pour les échanges de prisonniers. Courses aventureuses<br />

dans un pays inconnu et ennemi, correspondances,<br />

séjours prolongés dans des avant-postes dépourvus de tout<br />

confortable, nuits passées au grand air, mauvais vouloirs<br />

des bureaux, rien ne rebutait le digne prêtre. Mais il ne<br />

risquait pas toujours les seuls coups de fusil des Arabes.<br />

11 revenait un jour du camp d'Abd-el-Kader escorté par<br />

une trentaine de ses cavaliers rouges qui, en approchant<br />

de nos avant-postes, se heurtèrent à l'improviste contre<br />

une reconnaissance de notre infanterie appuyée par deux<br />

pièces de canon. Le commandant du détachement français,<br />

voyant à quelques centaines de mètres en avant ce groupe<br />

d'ennemis arrêté court fit mettre en batterie une de ses<br />

pièces de canon qui envoya un obus au milieu des cavaliers.<br />

Ceux-ci se dispersèrent, abandonnant l'abbé Suchet, qui<br />

poussa son cheval vers les Français, espérant qu'on ne<br />

tirerait plus sur un homme isolé ; mais il comptait trop sur<br />

le sang-froid de nos soldats. Le canon cessa de tirer, mais<br />

les tirailleurs prenant du reste la soutane du pauvre prêtre<br />

pour un burnous noir, envoyèrent une volée de balles dont<br />

l'une l'atteignit à la cuisse.<br />

Le vicaire général eut le courage de rester à cheval<br />

jusqu'à ce qu'il fût reconnu par nos officiers qui se hâtèrenl<br />

de faire cesser le feu. Il arriva enfin dans un groupe donf<br />

faisait partie le général Baraguay d'Hillers. Il était vraiment<br />

temps ; aussitôt il tombe en syncope, et le général le<br />

reçoit dans ses bras.<br />

Heureusement que la blessure ne fut pas très grave.<br />

Une colonne française, le 24 mai 1841, étant venue détruire<br />

le fort de Thaza que l'émir avait édifié au prix de<br />

tant de sacrifices, on lut, dans une chambre du tort, l'inscription<br />

suivante :

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