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E. Perret : récits algériens 1830-1848 - Accueil

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— 25 —<br />

aux trousses de l'armée; Marseille,. Cette, Nantes. Bordeaux,<br />

voire les ports de la Catalogne et de l'Italie, avaient<br />

envoyé l'élite de leurs empoisonneurs.<br />

Rarement ces gens rendent service en s'attachant aux<br />

colonnes expéditionnaires. Ils sont en premier lieu assez<br />

peu courageux de leur naturel; et puis ils détestent les procédés<br />

expéditifs des chefs militaires, qui contrôlent les<br />

marchandises et les liquides, et font jeter impitoyablement<br />

les comestibles avariés ou les boissons ^relatées. Un<br />

cantinier civil est tenu, s'il veut avoir l'autorisation de<br />

suivre une colonne, d'avoir de la bonne marchandise, et<br />

cela ne convient pas toujours à cette catégorie de négociants<br />

qui veulent acheter bon marché pour revendre un<br />

prix très élevé.<br />

En <strong>1830</strong>, on constata une exception. Un négociant de<br />

Nantes, nommé Hennequin, fort honnête homme, fréta un<br />

brick et débarqua à Sidi-Ferruch un stock de comestibles<br />

choisis et de bonne qualité, avec force bons vins. Ce brave<br />

négociant fit fortune en une semaine en improvisant, sous<br />

une immense tente dressée dans la presqu'île au bord de<br />

la mer, un restaurant aussi bien fourni qu'une table ministérielle.<br />

On disait : Allons déjeuner chez Hennequin, comme<br />

on dit aujourd'hui : Allons déjeuner au café anglais.<br />

Il ne laut pas confondre le vulgaire cantinier civil, le<br />

marchand de goutte, généralement épave de la vie sociale,<br />

avec les cantiniers des régiments. Ceux-ci. sont le plus<br />

souvent d'honnêtes gens, quoique avides de faire leur petite<br />

fortune le plus vite possible ; mais, s'exposant bravement<br />

dans les expéditions à des risques fort grands, ils ont<br />

rendu et rendent dans les colonnes d'Afrique de réels<br />

services. En <strong>1830</strong>, on remarqua une cantinière du 37° de<br />

ligne; la malheureuse, pendant le combat du 29.uin, eut<br />

le genou fracassé en distribuant des verres d'eau-de-vie<br />

dans la ligne des tirailleurs. La pauvre femme dut être<br />

amputée de la cuisse, et subit l'opération dans les bras de<br />

snn mari, sapeur au même régiment. Elle mourut quelques

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