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E. Perret : récits algériens 1830-1848 - Accueil

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démission du maréchal Bugeaud est acceptée. » Trois mois<br />

après, le gouvernement de Louis-Philippe, croyant devoir<br />

accorder satisfaction à l'opinion publique, fit insérer les<br />

paroles suivantes dans le discours du trône :<br />

« Le chef illustre qui a longtemps et glorieusement commandé<br />

en Algérie, a désiré se reposer de ses travaux. J'ai<br />

confié à mon bien-aimé fils, le duc d'Aumale, la grande et<br />

difficile tâche de gouverner cette terre à jamais française. »<br />

En Europe, la nomination du prince fut assez mal accueillie<br />

; certaines chancelleries blâmèrent la détermination<br />

de Louis-Philippe, et ne virent pas d'un bon oeii<br />

cette nouvelle et plus intime assimilation de l'Algérie à la<br />

France. On jugea à propos d'exprimer cette idée que la<br />

Porte n'avait pas abandonné ses droits sur l'ancienne<br />

régence d'Alger, et les journaux d'Outre-Manche rappelèrent<br />

avec arrogance que l'Angleterre n'avait jamais reconnu<br />

notre conquête d'une façon explicite ; ils soutenaient que la<br />

plupart des puissances européennes avaient plutôt reconnu<br />

cette conquête en fait qu'en droit. i<br />

Enfin, certains casuistes, en France aussi bien qu'à l'étranger,<br />

firent ressortir les inconvénients qu'offrait l'autorité<br />

conférée au prince. « Le duc d'Aumale, disaient-ils,<br />

gouverneur général de l'Algérie, irresponsable en fait si ce<br />

n'est en droit, peut commettre des fautes très grandes sans<br />

que le ministre de la guerre, légalement responsable de la<br />

conduite des fonctionnaires de son département, ose demander<br />

son remplacement ou même le blâmer; or, dans<br />

une situation si anormale, les difficultés pourraient être de<br />

telle nature qu'aucun cabinet prévoyant ne voudrait consentir<br />

à les affronter. »<br />

A tout cela, on pouvait répondre que la présence d'un fils<br />

du roi en Afrique devait être un gage de stabilité, une garantie<br />

pour les intérêts civils, et exercerait forcément sur<br />

l'esprit des Arabes l'influence la plus heureuse. D'un côté,<br />

la colonie devait y voir une preuve irrécusable de l'intention<br />

bien arrêtée du gouvernement de faire de l'Algérie une se-

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