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E. Perret : récits algériens 1830-1848 - Accueil

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— 304 —<br />

Kader étaient commandés par le colonel Tartas ; magnifique<br />

cavalier, aussi spirituel que brave,véritable héros d'Homère,<br />

cet officier ne chargeait jamais assez à son goût<br />

et se plaignait parfois de sa « grandeur qui l'attachait au<br />

rivage ». Lorsque pendant une marche des groupes<br />

d'Arabes suivaient sa colonne à distance en observant ses<br />

mouvements, il les caressait d'un oeil d'envie : c'était le<br />

sabreur, le simple cavalier, dont le courage s'éveillait.<br />

Puis il détournait la tête par prudence pour ne pas céder<br />

à la tentation. A la fin, le bouillant Tartas n'y tenant plus,<br />

piquait des deux, volait au devant de l'ennemi et ne s'arrêtait<br />

qu'à portée de la voix, c'est-à-dire un peu moins que<br />

la portée du fusil.<br />

« Ah ! gredins ! Ah ! pendards, criait-il, croyez-vous qu'on<br />

a peur par ici? C'est moi, Tartas! Arrivez donc un peu<br />

quatre ou cinq seulement, me dire deux mots. »<br />

Bien entendu les Arabes répondaient par un feu roulant<br />

sur le provocateur ; puis quelques-uns d'entre eux se détachaient<br />

venant sur lui, le colonel reculait lentement, et<br />

tout à coup faisait volte-lace en tirant sa longue latte. Des<br />

chasseurs d'Afrique accouraient au galop et il y avait<br />

alors un de ces échanges de coups de sabre qui réjouissait<br />

tant le téméraire et brave officier.<br />

Le soldat, admirateur de toutes les bravoures, a un faible<br />

pour ces preux qui lui rappellent les paladins du temps<br />

passé, grands pourfendeurs de cimiers et marteleurs d'armures.<br />

Tartas était adoré de son régiment ; à la bataille,<br />

personne ne l'eût abandonné, et à la charge, personne<br />

n'eût hésité à le suivre. Au combat de l'Oued-Kacheba<br />

dont nous venons de faire le récit, le colonel était suivi de<br />

près par l'un de ses capitaines, M. de Caulaincourt. Au<br />

moment où nos escadrons tombèrent comme une avalanche<br />

sur les bataillons arabes, Tartas et le capitaine<br />

furent séparés; les chasseurs d'Afrique avaient presque<br />

tous suivi leur colonel. M. de Caulaincourt se trouva isolé ;<br />

assailli par un gros de cavaliers rouges, il ne perdit

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