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E. Perret : récits algériens 1830-1848 - Accueil

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du cimetière. Trois fois de suite, la Chambre avait refusé<br />

les fonds demandés pour l'assainissement et la reconstruction<br />

de Bône. Il est de criminelles économies, et nous<br />

ne saurions flétrir en termes trop indignés la fastueuse et<br />

hypocrite philanthropie qui détermine nos assemblées parlementaires<br />

à élever des palais aux dileltanti de l'assassinat<br />

et du vol, quitte à envoyer de braves soldats peupler<br />

les cimetières de nos colonies.<br />

Bône, qui a englouti tant de victimes, qui, comme Bou-<br />

Farik, a moissonné trois générations de colons et n'a<br />

été assainie qu'après trente ans d'occupation, devint un<br />

véritable charnier. Les régiments se transformèrent en<br />

infirmeries, et l'on arriva à faire des distributions régulières<br />

de sulfate de quinine.<br />

L'armée française réunie à Bône fut agréablement surprise<br />

par l'arrivée du duc de Nemours. Le soldat aime à<br />

voir les grands de la terre partager ses souffrances. Les<br />

princes d'Orléans étaient populaires dans l'armée d'Afrique,<br />

et chacun se souvenait de la conduite du duc d'Orléans à<br />

Mascara, où il avait montré le plus grand courage et bravé<br />

des souffrances horribles. On savait que le prince n'était<br />

rentré en France que parce qu'il<br />

avait été atteint de fièvres<br />

et de dyssenterie, et l'on admirait sans réserve le roi Louis-<br />

Philippe qui envoyait un autre de ses fils prendre part à une<br />

entreprise que tous jugeaient en France devoir être autre-<br />

ment périlleuse que<br />

celle de Mascara.<br />

C'est que tout le monde ne partageait pas les illusions du<br />

maréchal Clauzel. Le vieux soldat voyait bien que toutes<br />

les bases de l'organisation de l'armée expéditionnaire<br />

croulaient à la fois et que tous les moyens, à commencer<br />

par les moyens de transport, manquaient ; mais il se raidissait,<br />

comptant sur un caprice de la fortune, se complaisant,<br />

non dans les calculs de la froide raison, mais dans<br />

ceux qui appartiennent aux combinaisons du hasard. Il<br />

n'écouta [pas les sages observations des colonels Tournemine<br />

et Lemercier, chefs de l'artillerie et du génie, et

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