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E. Perret : récits algériens 1830-1848 - Accueil

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— 175 —<br />

Mais le moral des assiégés n'est pas affaibli, Touché de<br />

la persévérance d'une défense si vivace, car les sorties<br />

succèdent aux sorties, le général de Damrémont propose<br />

une capitulation aux habitants de la ville pour leur éviter<br />

les extrémités d'une prise d'assaut. On demande des volontaires<br />

pour se rendre auprès de Bel-Bcdjaoui ; il se<br />

présente un sergent de la légion étrangère et un jeune<br />

soldat du bataillon des irréguliers turcs. On préfère celui-<br />

ci, connaissant mieux la langue arabe. Le brave jeune<br />

homme, un drapeau blanc à la main, s'avance malgré les<br />

coups de fusil jusqu'au pied du rempart. Il parlemente ;<br />

enfin on lui lance un panier au bout d'une corde, on le<br />

hisse dans la ville, et on le conduit devant Bel-Bedjaoui,<br />

chef de la milice.<br />

« Si les chrétiens manquent de poudre, répond fièrement<br />

cet énergique soldat, nous leur en enverrons ; s'ils<br />

n'ont plus de biscuit, nous partagerons le nôtre avec eux ;<br />

mais, tant qu'un de nous sera vivant, ils ne prendront pas<br />

Constantine. »<br />

De la part d'un Turc mi-sauvage et illettré, la réponse<br />

n'a-t-elle pas un caractère antique ?<br />

« Voilà de braves gens, s'écrie le général de Damrémont<br />

en la recevant ; eh bien ! l'affaire n'en sera que plus<br />

glorieuse pour nous. »<br />

Puis il rédige ses derniers ordres, et monte à cheval<br />

pour aller jeter un coup d'oeil sur la brèche. Il prend plaisir,<br />

en traversant le camp, à voir la joie qui anime tous<br />

les visages ; on sait que dans peu d'heures la brèche va<br />

être praticable, et l'on sent venir la victoire. Le général<br />

rejoint le duc de Nemours. Tous deux mettent pied à terre<br />

un peu en arrière des ouvrages et se dirigent vers la tranchée.<br />

Le général en chef, avec sa témérité habituelle, se<br />

place à un endroit très découvert, d'où il se met à examiner<br />

la brèche : il est huit heures du matin. Le général<br />

Rulhières, qui s'est porté au-devant de lui, lui signale le<br />

danger qu'il court. « C'est égal », répond-il avec son habi-

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