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E. Perret : récits algériens 1830-1848 - Accueil

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— 312 —<br />

Militairement, l'élément nomade n'est pas bien redou<br />

table. Jamais il n'a opposé de résistance bien sérieuse à<br />

nos colonnes, en dehors de quelques oasis qu'il avait organisées<br />

défensivement, telles que Zaatcha et Laghouat.<br />

Le nomade ne lit pas ou lit peu, mais il est parfaitement<br />

au courant de la politique européenne. Les confréries reli-<br />

gieuses, certains indigènes commerçants des grandes<br />

villes affiliés aux Khouans ou aux S'noussi, renseignent les<br />

tribus sahariennes sur les événements. Ainsi en 1882, les<br />

nomades tunisiens espéraient du secours de l'Italie et de la<br />

Turquie qu'ils savaient hostiles à la France et Bou-Amema<br />

comptait sur les difficultés que l'Espagne et l'Angleterre<br />

cherchaient à nous susciter au Maroc.<br />

Le Saharien est le prototype de l'Arabe en Algérie ; il<br />

n'en diffère que parla pureté delà race ; il a su aussi garder<br />

avec peu d'altération les moeurs de ses pères. Dans l'immensité<br />

du désert, les tribus arabes, fortement fractionnées,<br />

isolées, sentant à peine un gouvernement, ont régularisé<br />

le brigandage. Autrefois le fait presque quotidien de la<br />

vie arabe était la razzia, procédé violent pour s'emparer<br />

des richesses de l'ennemi, c'est-à-dire du voisin ; aujourd'hui<br />

que les Français se sont établis en plein Sah'ra, elle<br />

a fait place au vol (khriana) et le guerrier est devenu maraudeur<br />

ou voleur de profession. Le vol n'est une honte<br />

que lorsqu'il a été commis dans la tribu même ou dans une<br />

tribu amie; les Arabes disent communément du voleur de<br />

profession : « Un tel est brave et vaillant ; il vole chez les<br />

ennemis. »<br />

Si désolé qu'il soit, le Saharien aime son pays. « Les habitants<br />

des maisons, écrivait Abd-el-Kader au général Daumas,<br />

sont partout forcés de reconnaître un maître, tandis<br />

que les Sahariens, toujours prêts au combat comme à la<br />

fuite, ne reconnaissent d'autre maître que Dieu. »<br />

Et Abd-el-Kader, qui était pourtant un Tellien, c'est-à<br />

dire un Arabe dégénéré selon l'opinion des gens du désert<br />

s'écriait :

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